Le bras de fer se poursuit entre la coordination des syndicats autonomes de la Fonction publique et le gouvernement autour de la nouvelle grille des salaires des fonctionnaires rejetée par la coordination. Un mouvement de grève de trois jours sera observé à partir d'aujourd'hui. Hier, à la veille du mouvement de débrayage auquel ont appelé les syndicats autonomes de la Fonction publique et alors que la sagesse et l'intérêt de l'administration et du citoyen auraient voulu que le gouvernement jetât des passerelles avec les partenaires sociaux pour trouver une issue à la crise qui n'a que trop duré, l'exécutif enfonce encore un peu plus le clou en qualifiant l'action des syndicats contestataires d'« agitation infondée » prenant en « otage » les usagers des services publics. Après le mystérieux virtuel Hamza qui serait, à en croire le ministre de l'Education nationale, derrière la grève des lycéens, voilà que l'on jette l'anathème sur des commis de l'Etat que l'on n'hésite pas à vouer aux pires gémonies. Le débat sort de son cadre syndical pour prendre les contours d'une affaire pénale. C'est devenu un leitmotiv pour le gouvernement dans sa gestion des conflits sociaux : lorsqu'il se trouve dos au mur, il ne s'embarrasse pas de brandir la menace de représailles pour atteinte à l'ordre public. C'est ce qu'il conviendrait de retenir de la mise en garde à peine voilée du gouvernement à l'adresse des syndicats autonomes de la Fonction publique. Le porte-parole de la coordination mesure sans doute la portée de l'action des syndicats autonomes et les risques de représailles à encourir. Ce syndicat qui a défrayé la chronique syndicale en Algérie en mettant en place un mouvement syndical autonome dans un secteur sensible : la Fonction publique préservée jusque-là pour des raisons politiques des vents de contestations qui ont soufflé sur le monde syndical placé sous haut contrôle politique de l'Ugta se montre pourtant serein. Il recentre le débat sur le terrain du respect de la Constitution comme l'a fait le porte-parole du syndicat lors de sa dernière conférence de presse en dénonçant la violation par le gouvernement de la Constitution à travers sa décision d'appliquer la nouvelle grille des salaires avec effet rétroactif à partir de janvier 2008 avant la finalisation de tous les statuts particuliers. En s'empressant de mettre en application une grille des salaires qui est contestée par de larges pans des travailleurs de la Fonction publique, le gouvernement cherche manifestement à prendre de vitesse les syndicats autonomes et à les mettre devant le fait accompli. Le communiqué du gouvernement qui intervient – ce n'est pas fortuit – à la veille du mouvement de débrayage, comporte deux messages clairs à l'adresse des syndicats autonomes. Le premier pour leur signifier définitivement une fin de non-recevoir à leurs revendications et le refus de tout dialogue dans la mesure où on passe à la phase pratique de l'application de la nouvelle grille des salaires. Le second message est que force reviendra à la loi pour ceux qui viendraient à l'enfreindre.