A l'entrée du CHU de Bab El Oued, l'ambiance est plutôt habituelle : une procession de visiteurs se forme tout au long de l'accès principal. Des personnes quittent l'enceinte hospitalière, d'autres y entrent pour se soigner ou pour rendre visite à des malades. Le décor ne renseigne guère sur la grève de trois jours décrétée par la coordination nationale des syndicats autonomes, dans laquelle siègent deux syndicats des praticiens de la santé publique : SNPSP et SNPSSP. Il n'y a ni affiches ni banderoles accrochées au mur. En se glissant à l'intérieur de ce centre hospitalo-universitaire, on voit des silhouettes en tabliers blancs, d'autres en tenues verdâtres, qui s'agitent dans tous les sens. « Etes vous en grève ? », demande-t-on à l'une de ces personnes. « Non. Je suis en résidanat. Je ne suis pas concerné par cet appel à la grève », lâche-t-elle avant de s'enfoncer dans le service rhumatologie. A l'intérieur de ce service, des malades attendent dans la salle d'attente. « Vous attendez votre tour pour passer chez le médecin ? », apostrophe-t-on une quinquagénaire. « Oui. Elle est là pour faire la consultation », nous répond sa belle-fille, assise à côté d'elle. Le médecin est à l'intérieur avec un patient. A quelques enjambées de ce service, il y a celui de la gastro-entérologie. L'ambiance est presque la même. Le service fonctionne. Quelques patients courent derrière leurs médecins traitants, d'autres attendent. « Nous sommes là en train d'assurer le fonctionnement normal du service. Je ne sais pas si les autres observent la grève, mais ici je peux vous assurer que le service est entièrement opérationnel », atteste un médecin qui préfère s'exprimer sous le sceau de l'anonymat. Le bloc des urgences médicales ne désemplit pas. Les médecins sont en poste. « Ici, nous n'avons pas le droit de faire grève », lance un médecin, fiche médicale entre les mains. Certains médecins ne travaillent pas. « Ils se font discrets, car ils ont peur », fait remarquer un praticien spécialisé rencontré en face du service d'hémodialyse. Devant la direction générale du CHU, la tension monte d'un cran. Ce ne sont cependant pas les médecins, mais plutôt les paramédicaux qui observent un sit-in de solidarité avec le secrétaire général de leur section syndicale, suspendu suite à la grève des 17, 18 et 19 février. Quelques médecins rejoignent le lieu du rassemblement en guise de soutien à la corporation des paramédicaux. Pour Abdeslam Benana, directeur général du CHU, les différents services sont opérationnels. « La grève est illégale et je pense qu'elle n'a pas été suivie », nous livre-t-il, assis dans son bureau. A quelques kilomètres de l'ex-hôpital Maillot, le CHU Mustapha Bacha offre un visage hideux. Une circulation automobile interminable rendant l'air irrespirable. En face d'un chantier, le service des urgences semble être en pleine activité. A l'intérieur, une foule compacte attend de passer chez le médecin. Pas loin, le service de chirurgie générale assure le service minimum. « Je viens de sortir du bloc opératoire. Comme vous l'avez bien constaté, nous ne prenons en charge que les cas urgents », précise un chirurgien croisé devant l'entrée du service. Même constat dans les services orthopédique, de gastro-entérologie et de médecine interne. Les cas urgents sont donc pris en charge. Le directeur général du CHU Mustapha précise que la grève a été déclarée « illégale » par la justice, montrant ainsi sa détermination à mettre en application cette décision.