La vie quotidienne des habitants du lit de l'oued Chiffa est des plus alarmantes à cause de la décharge sauvage qui envahit les terrains agricoles et menace leur santé. Une zone rendue inaccessible avec des ordures jetées çà et là et les odeurs nauséabondes qui polluent l'atmosphère. Mohamed, un ancien riverain et mécanicien de son état, nous présente sa femme qui exhibe immédiatement les ordonnances de ses deux enfants âgés de 8 et 5 ans, tous deux atteints d'une allergie respiratoire qui évolue vers un asthme. « Dans cette situation, nous finirons tous par mourir soit asphyxiés par les odeurs et les fumées des détritus que l'on brûle ou soit de choléra suite à la pollution qui a touché nos jardins potagers et l'eau des puits », déplore la jeune femme angoissée. Il faut savoir que cette décharge, fermée du temps de l'ex-wali, a été rouverte provisoirement par l'actuel chef de l'exécutif pour une durée maximale de deux mois, à cause de la défaillance de la station de compostage de Beni Mered. Des troupeaux de moutons s'alimentent, depuis, d'ordures. La question posée est de savoir si nous sommes à l'abri de graves maladies quand notre bétail se nourrit de déchets hospitaliers ou industriels à caractère toxique, sans oublier les oiseaux sauvages contaminés par un virus inconnu et qui contaminent toute la volaille. Une image désolante s'offre à nos yeux : des enfants, âgés de moins de 15 ans, vivent dans cette décharge, triant les déchets pour pouvoir vendre tout objet recyclable. Concernant cette affaire, l'association Chlorophylle pour la protection de l'environnement expliquera que cette décharge, qui reçoit environ 120 tonnes/jour, a un effet néfaste sur la santé publique et l'environnement parce qu'elle ne répond plus aux normes de sécurité requises, et il faut y ajouter la déformation du lit de l'oued due aux extractions de carrière et de la pollution de la nappe phréatique de la Mitidja. Contacté, le directeur de l'environnement, M. Bennaoui, nous dira : « Cette décharge devait être éradiquée vers la fin des années 1990 afin d'instaurer une zone contrôlée de gravats. Ce projet demandant un budget de 60 millions de dinars fut inscrit en 2005, et malgré son étude qui est enfin terminée, il ne pourra être opérationnel qu'après le lancement du Centre d'enfouissement technique (cet) dans la commune de Soumaâ. Ce CET, dont les travaux sont achevés, ne sera mis en service que lors de la création d'un EPIC pour la gestion des déchets. » Les riverains de oued Chiffa espèrent être pris en charge au plus vite par les autorités concernées, notamment l'APC de Blida qui, en attendant l'ouverture du CET, a opté pour un changement d'itinéraire menant à cette décharge ainsi que son éloignement à quelques mètres des habitations.