Secrétaire général du syndicat de l'ENTMV et président du Syndicat national des officiers de la marine marchande (Snommar), Saïd Zermoun n'a pas manqué de mettre en exergue, dans cet entretien express, la situation catastrophique à laquelle est arrivée l'entreprise. Quel constat faites-vous, en tant que syndicat, de la situation au sein de l'ENTMV ? Pour nous, la situation est catastrophique. Nous avons saisi les responsables de l'entreprise et même la tutelle, à travers des rapports détaillés, mais en vain. Pensez-vous qu'il y a un problème de gestion ? La crise, dans laquelle se débat l'entreprise, est directement liée à la gestion de la flotte et celle des ressources humaines. Il y avait une incompétence caractérisée qui menaçait surtout la pérennité de l'entreprise. C'est pour cette raison que nous ne cessions de tirer la sonnette d'alarme. Les responsables de l'entreprise contestent la représentativité du Snommar, sous prétexte que la moyenne des 20% de l'effectif obligatoire pour créer un syndicat n'est pas respectée. Qu'en pensez-vous ? Nous avons plus que 20% des travailleurs et les documents peuvent le confirmer. Seulement, lorsque les anciens responsables nous ont demandé la liste de nos syndicalistes, nous avions refusé, de peur que ces derniers subissent ce que leurs camarades ont enduré avant eux. Il ne faut pas oublier que des cadres du Snommar ont été poursuivis, certains ont perdu leurs postes de travail, et d'autres ont été sanctionnés administrativement, uniquement pour avoir exercé leur droit de syndicaliste. Nous avons, néanmoins, remis le canevas comportant l'affiliation des travailleurs et leurs cotisations, tel que le prévoit la réglementation. Comptez-vous reprendre le dialogue avec la nouvelle direction ? J'ai été reçu par le nouveau PDG de l'entreprise en tant qu'officier de la marine marchande. J'en ai profité pour discuter de la situation du syndicat. Il m'a demandé les documents prouvant l'existence des 20% de l'effectif de l'ENTMV. Après les avoir lus, il m'a promis d'ouvrir une nouvelle page. Il semble nourri d'une grande volonté de rétablir la situation et de remettre l'entreprise sur les rails, parce qu'il faut reconnaître que la situation de gabegie à laquelle elle est arrivée, nous faisait très mal. Nous la voyons partir et personne ne pouvait faire quoi que ce soit. En tant que syndicaliste, j'ai dit au nouveau PDG que l'ENTMV a les moyens humains et matériels lui permettant de sortir de la zone rouge et il était d'accord avec nous. Nous nous sommes entendus pour prendre en charge en premier lieu les problèmes qui menacent la pérennité de l'ENTMV, puis entamer les autres questions liées à la gestion des ressources humaines et au partenaire social.