Après trente ans de services, quatre commandants de bord de la Compagnie nationale de navigation (Cnan Group) viennent d'être licenciés. Il s'agit d'une sanction prise par le PDG de l'entreprise maritime suite aux déclarations qu'ils ont tenues au sujet du naufrage du Béchar et de l'échouage du Batna, au port d'Alger, suite aux intempéries survenues dans la nuit du 13 au 14 novembre 2004, considère le Syndicat national des officiers de la marine marchande (Snommar, section Cnan). Au cours de cette tragédie, 16 officiers ont péri. Qualifiant cette mesure d'« abusive », le syndicat accuse, dans un communiqué rendu public hier, Ali Koudil, le PDG de la Cnan, de vouloir « faire taire toute voix qui ne le caresse pas dans le sens du poil ». « Nous nous élevons contre ces pratiques irréfléchies et irresponsables de la part du PDG de Cnan Group qui s'arroge le droit de sévir en toute impunité et en violation flagrante des lois régissant le droit du travail et l'activité syndicale », dénonce son président, M. Zermoun. Lors d'une conférence de presse qu'ils ont animée au lendemain de la catastrophe, les quatre commandants congédiés ont remis en cause les conditions défaillantes de navigabilité des deux navires, à propos desquelles des rapports ont été adressés à la direction générale. Obligé de sortir de sa réserve, M. Koudil a qualifié ces accusations d'« extrêmement graves », car elles portent « préjudice à la compagnie ». « Des accusations sans fondement qui risquent d'entraver le cours de l'enquête qui a été diligentée », a-t-il rétorqué, précisant que la commission d'enquête était seule habilitée à se prononcer sur les raisons de la catastrophe. Cela ne l'a toutefois pas empêché d'indiquer que, malgré leur vétusté, les navires de la Cnan étaient aptes à naviguer. Selon la direction de la Cnan, le Snommar a été constitué par un « groupe d'officiers revanchards et non représentatifs », qui tente de « manipuler » l'opinion. Aussi, a-t-elle décidé de déposer une plainte au pénal contre le commandant Lakel, le principal animateur de la conférence de presse. Pour M. Zermoun, le but recherché par la direction est justement de briser le Snommar. Dix officiers relevant de l'Entreprise nationale de transport maritime de voyageurs (Entmv) sont, par ailleurs, toujours suspendus de leurs fonctions pour une durée illimitée, suite à la grève observée du 26 juin au 6 juillet 2004. « Que ce soit à l'Entmv ou à la Cnan, c'est la même politique qui est dirigée contre le Snommar », conclut M. Zermoun.