Encore une fois, notre pays « brille » par une peu enviable 57e place d'une liste comprenant 141 pays considérés comme « les plus faibles du monde » selon un classement établi par Brookings Institution et le Center for Global Development, deux institutions indépendantes des Etats-Unis. Dans ce qui s'apparente à un rapport global sur l'état de la démocratie, de la sécurité, de l'économie et du bien-être social des populations du monde, publié mardi, l'Algérie a été une nouvelle fois insérée dans la zone rouge. La conclusion de Brookings Institution est que l'Algérie figure dans le cercle fermé des « 25 pays à surveiller » aux côtés de la Libye, la Syrie, le Venezuela et l'Iran, entre autres. Cette étude de 48 pages qui concerne 141 pays catalogués dans la rubrique d'« Etats faibles » a été conduite par des dizaines d'experts qui ont potassé de nombreuses sources documentaires et autres rapports des institutions multilatérales spécialisées comme le FMI, l'Unicef, la FAO et la Banque mondiale. Dans ce hit parade à « l'envers », Brookings Institution s'est basée sur quatre critères que sont l'économie, la politique, la sécurité et la protection sociale. L'Algérie fait partie du groupe des cinq pays de la région Afrique du Nord - Moyen-Orient (MENA) estampillé « plus faibles » par Brookings Institution aux côtés de l'Irak, du Yémen, de la Syrie et de l'Iran. Elle est positionnée juste derrière l'Irak en guerre et le Yémen connu pour ses conflits tribaux. Au plan maghrébin, notre pays s'est détaché de nos voisins immédiats dans le mauvais sens, d'après les conclusions de l'institut puisque le Maroc occupe la 96e position et la Tunisie au 112e rang respectivement avec une note globale de 7,11 et 7,61. Il faut préciser que la « faiblesse de l'Etat » est inversement proportionnelle à son classement sur l'échelle des 141 pays d'après l'étude. Il en résulte que les plus premiers classés sont les pays où tous les indicateurs sont au rouge comme la Somalie avec seulement une note de 0,52. S'agissant de l'Algérie, les tableaux récapitulatifs soulignent que tous les indicateurs pris en ligne de compte (économie, politique, sécurité et protection sociale) sont affectés par l'insécurité et les « conflits ». La situation sécuritaire mise en rouge avec une note de 4,4 aura déteint sur tous les autres paramètres. En d'autres termes, la menace terroriste aura plombé d'après Brookings Institution tous les autres secteurs de la vie nationale. Bien qu'il soit crédité d'une note de 9,13 au plan social, le classement de l'Algérie a été détérioré par une piètre posture en politique puisqu'elle n'en a récolté qu'un peu glorieux 4,27 soit un peu mieux que la note de sécurité qui est de 4,02. En matière de gouvernance, l'Algérie est dans la zone orange comme le Bangladesh et la Mauritanie… L'institut américain définit dans son étude la notion d'« Etat faible » par une « incapacité à mettre en place et à maintenir des institutions politiques, de protéger sa population, de contrôler son territoire ou de répondre aux besoins fondamentaux de ses habitants ». Les auteurs de ce rapport détaillé recommandent aux autorités américaines de porter un « intérêt particulier » au club des 25 pays dont l'Algérie « où la démocratie est jugée fragile et les régimes autoritaires ». A noter que Brookings Institution s'emploie, depuis 1916, à mettre à la disposition du grand public des analyses et des recherches sur les différentes questions, que ce soit aux Etats-Unis ou dans le monde. Il se targue d'être indépendant dans ses analyses « d'une grande qualité » et d'avoir été l'inspirateur du fameux plan Marshall ainsi que du système des Nations unies.