Emue jusqu'aux larmes, Yvette Maillot, préférant ne pas être médiatisée, estime avant tout qu'elle est une Algérienne digne et fière qui ne demande rien à qui que ce soit. Elle parle ici de son frère, l'aspirant Henri Maillot, tombé au champ d'honneur le 5 juin 1956 près d'Orléansville, aujourd'hui Chlef. Que constitue, pour vous, ce jour de recueillement sur la tombe de votre frère ? Je suis très émue, car c'est la première fois que je vois autant de monde assister à la cérémonie de recueillement à la mémoire de mon frère. Je tiens à remercier tout le monde, plus particulièrement ses compagnons d'armes. Henri est mort, certes, le 5 juin 1956, mais j'ai voulu organiser cette journée afin de permettre à ceux qui ne l'ont pas oublié de se rencontrer ici et partager ce moment historique. Quelle image vous revient à propos de celui qui donna sa vie à l'Algérie ? Henri est mort à l'âge de 28 ans au champ de combat. C'est un âge où il pouvait faire autre chose, mais il a tenu à se sacrifier pour une Algérie libre et fraternelle. Il ne pouvait pas rester insensible à la misère qu'il voyait, à l'époque, du côté des gens de Salembier et d'ailleurs. En plus des amis, des marques de reconnaissance de la part des autorités officielles se sont jointes, cette fois-ci, à cette commémoration. Quelle est votre impression à ce sujet ? Ce sont là des marques de sympathie qui me touchent vraiment. Cela démontre d'un sens de responsabilité envers ceux qui se sont sacrifiés pour que vive l'Algérie indépendante. Je tiens à remercier surtout la mairie d'El Madania qui a fait un grand effort pour organiser ce jour de recueillement. Non, rien. Je suis une Algérienne digne et fière comme toutes mes compatriotes, notamment celles qui ont vécu la guerre de Libération nationale. Aujourd'hui, je ne demande rien d'autre qu'à continuer à vivre dans ma maison à El Madania dans le respect et la dignité.