Le monde de l'édition algérienne ne sera pas présent au Salon international du livre qui se tiendra du 13 au 19 mars à Paris dont Israël est l'invité d'honneur cette année. Les éditeurs algériens se sont prononcés bien avant leurs confrères tunisiens et marocains sur leur non-participation à cet événement livresque mondial. Les éditions Casbah ont clairement affiché leur avis, la semaine dernière, à travers un communiqué de presse, dans lequel elles ont fait part de leur décision de « s'en abstenir au nom du devoir de solidarité avec les populations civiles palestiniennes de Ghaza ». La maison d'édition en question s'est, depuis 1991, associée chaque année à la grande fête du livre aux côtés de l'invité d'honneur. Cependant, iI ne saurait être question pour elle de le faire « aux côtés des représentants d'un pays qui se livre, en ce moment même, contre les habitants désarmés de Ghaza, à un génocide qui ne dit pas son nom et n'épargne pas même les enfants. Ce serait faire insulte à la mémoire des innombrables victimes de la barbarie sioniste ». Le directeur des éditions Casbah, Smaïl Améziane, a tenu à nous préciser que les Algériens ont été les premiers à avoir pris une position ferme de ne pas y participer. « Nous n'avons subi aucune pression. Notre décision est indépendante des autres pays arabes. Il n'y aura aucun exposant algérien qui participera au salon de Paris ». De son côté, Mohamed Boilattabi, directeur des éditions EDIF 2000, estime que les choses sont claires compte tenu des innocents qui sont massacrés et spoliés de leurs terres. « Nous ne pouvons pas, dit-il, rester insensibles à ce génocide. Ce salon qui est placé sous le signe du 60e anniversaire de la création de l'Etat hébreu est un acte anticulturel. Pourquoi mêle-t-on le politique et le culturel ? » Cependant, notre interlocuteur a émis un avis personnel. Il aurait souhaité être présent à ce salon en faisant un boycott actif en parlant de la résistance palestinienne, en invitant des poètes et des auteurs qui ont manifesté leur désapprobation. « On aurait souhaité être présent là-bas, car la politique de la chaise vide ne paie pas. La présence physique permettra d'attirer l'attention publique et l'opinion internationale pour, justement, dénoncer ce qui se passe à Ghaza. » La directrice des éditions Sédia, Mme Radia Abed, a préféré ne pas se prononcer sur ce sujet : « Je n'ai aucune déclaration à faire. Je suis le mouvement », nous a-t-elle signifié. Si aucun éditeur algérien ne sera présent à cette 28e édition du salon international du livre de Paris, plusieurs autres pays arabes en feront de même. A Rabat, l'Organisation panislamique des sciences et de la culture a lancé un appel auprès de ses cinquante pays membres pour boycotter le salon. Les maisons d'édition et des auteurs égyptiens et palestiniens ont décliné l'invitation, dont notamment l'Egyptien Alaa Al Aswani et l'écrivaine palestino-américaine Suha Abulhawa. C'est pour toutes ces raisons que la crème de la littérature arabe a décidé de faire l'impasse sur cette 28e édition du salon international du livre de Paris.