Annonce n Cette année, le Salon international du livre de Paris qui se tiendra du 13 au 19 mars, se déroulera sans la participation des éditeurs algériens, tout comme leurs homologues arabes. «Les éditeurs algériens ont fait part de leur décision de boycotter le Salon international du livre de Paris. Cette décision a été également prise par les éditeurs tunisiens et marocains, eux aussi concernés par ce salon», a affirmé Djaouida Himrane, des éditions Chihab qui précise que «la décision est irrévocable». Djaouida Himrane a, en outre, fait savoir que «même des auteurs arabes d'une renommée internationale, à l'instar de l'Egyptien Alaa El Assouani, un auteur arabe traduit en français et tant attendu au salon de Paris, a fait appel au boycott». Si la levée du boucliers contre Israël se fait de plus en plus vive, c'est parce que Israël est l'invité d'honneur au Salon international du livre de Paris. Chose inacceptable pour le monde arabe, sachant que la participation d'Israël comme invité d'honneur est placée sous le signe du 60e anniversaire de la création de l'Etat hébreux. Cette même participation coïncide avec les massacres commis par l'armée d'occupation israélienne dans la bande de Gaza. Fatiha Soual, présidente de l'Association des libraires algériens, a, pour sa part, fait savoir que l'association, tout comme le Syndical national des éditeurs du livre (Snel), boycotte le salon de Paris. «De toutes façons, on ne participe pas au salon international du livre de Paris», a-t-elle dit. Et de poursuivre : «L'association ne fait pas d'exception.» S'exprimant, ensuite, sur la participation d'Israël comme hôte d'honneur, Fatiha Soual a dit : «C'est un sujet délicat. Là où il y a Israël, il y a une politisation qui se manifeste.» Et de regretter que «cette politisation se manifeste dans un cadre culturel», sachant qu'un Salon du livre, consacré au livre et à l'écriture, est supposé être un espace de rapprochement et de dialogue, et non pas de refus et d'exclusion. Fatiha Soual a tenu à préciser que «le boycott n'est pas dressé contre les écrivains israéliens, mais contre l'Etat d'Israël et sa politique menée contre la Palestine.» Et de poursuivre : «Nous avons du respect pour toutes les cultures. Il aurait fallu ne pas mélanger culture et politique, créer l'amalgame.» Une fois encore, la culture se trouve prise en otage par la politique. Elle en paye un lourd tribut. Samia Chikh, des éditions APIC, trouve scandaleux qu'Israël soit l'invité d'honneur au Salon du livre, alors qu'à Gaza l'armée israélienne tue des innocents. «Oui, on boycotte le Salon du livre de Paris et Israël ne mérite pas d'être honoré», s'est-elle écrié, s'indignant davantage contre la désinformation qui se manifeste en Occident, notamment en France. «Il y a une incroyable désinformation de manière à détourner tendancieusement l'attention de l'opinion publique. Une propagande mensongère s'est mise en marche, accusant ainsi le boycott d'antisémite. Or, il ne s'agit pas d'attitude contre des écrivains israéliens mais contre le gouvernement qui pratique la politique de l'apartheid.» Enfin, il est à indiquer que la Palestine sera l'hôte d'honneur au Salon national du livre d'Alger qui se tiendra du 13 au 18 mars à la bibliothèque nationale. l Si des éditeurs et écrivains arabes ont fait appel au boycott, des auteurs et intellectuels israéliens s'accordent, eux aussi, à boycotter le Salon. Le poète israélien Aharon Shabtaï, a refusé d'y participer parce qu'il qualifie le salon d'«une entreprise de propagande en faveur d'Israël, visant à lui donner une image de pays libéral et démocratique», car, pour lui, il est tout à fait impossible de participer à un événement culturel où Israël commet au quotidien des crimes de guerre à l'encontre des civils palestiniens et leur inflige des punitions collectives. Selon lui, Israël ne mérite pas d'être invité à une manifestation culturelle quelle qu'en soit sa nature. D'autres personnalités de la culture d'une notoriété internationale (Susan Abulhawa, Rita Amabili, le chef d'orchestre Riccardo Muti, le chorégraphe Omar Baghouti, Tariq Ramadan, Tariq Ali, John Berger) ont condamné le choix d'Israël comme hôte d'honneur au salon de Paris. Les appels au boycott du salon international du livre de Paris, comme celui lancé par l'intellectuel français François Xavier ou par l'historien israélien Ilam Pappé, se multiplient. La polémique fait également rage en Italie où la Foire internationale du livre de Turin, prévue en mai prochain, veut aussi mettre Israël à la place d'honneur. De nombreux intellectuels italiens défenseurs de la cause palestinienne prônent également le boycott.