Ouled Moussa n'est plus ce village coquet, autrefois perdu, tel un îlot, dans l'immense océan vert de la Mitidja. L'ex-Saint-Pierre Saint-Paul, « Simpoul » pour les anciens, a tellement grandi que, aujourd'hui, il doit se frotter aux banlieues respectives de Boudouaou et Khemis El Khechna. Les exploitations agricoles disparaissent l'une après l'autre, cédant la place à des pâtés de demeures individuelles. « L'agriculture ne paie plus », se justifie un ex-fellah qui s'est lancé, depuis la vente de la terre de ses ancêtres, dans le transport routier. Une flotte de semi-remorques génèrent plus de dinars que de cultiver une terre même si sa fertilité reste sans égale dans le monde. Ne subsistent alors que quelques arpents qui témoignent que l'on est au nord-est de la Mitidja. Les autorités locales sont contraintes d'assister « les bras croisés » au massacre. « Ce sont des terres privées. A ce titre, les propriétaires sont dans leur droit de vendre. Il n'y a aucun texte qui interdit la vente d'une ferme privée », nous dit, dépité, un élu en soulignant que la saignée n'a épargné aucune localité de ce qu'était naguère « la plaine de la Mitidja ». « Elle était le grenier de l'Europe, déjà, sous l'empire romain, et a survécu jusqu'en 1962. Depuis, que s'est-il donc passé ? Avons-nous, à ce point, perdu notre âme ? », s'interroge un universitaire, originaire d'Ouled Moussa. Tout en en voulant aux plus hautes autorités d'avoir « omis (?) » de baliser le terrain juridique afin de préserver « notre Mitidja », notre interlocuteur ne se fait pas d'illusions. « L'agriculture est en passe de disparaître totalement, aussi bien à Ouled Moussa que dans l'ensemble de la bande nord du pays », enchaîne-t-il. Cela dit, la population a sensiblement augmenté, passant de quelques centaines d'habitants, avant l'indépendance, à 35 000 âmes aujourd'hui. Pour Ahmed Moussaoui, P/APC, l'heure n'est plus à la nostalgie. « Je suis issu d'une famille qui a ses racines à Ouled Moussa. J'aurais tant aimé que mon village garde sa vocation première, c'est-à-dire l'agriculture. Mais les choses sont ce qu'elles sont et c'est en fonction de la réalité que notre exécutif est et sera appelé à gérer la cité », dit-il. Pragmatique ? « Les exigences de mes 35 000 administrés ont pour nom eau potable, électrification, goudronnage des voies, maintenance des écoles primaires ou encore logement social qui demeure un point essentiel de leurs revendications », ajoute le premier magistrat d'Ouled Moussa qui en est à son troisième mandat. Elu sur une liste indépendante, Ahmed Moussaoui se dit « soulagé » de n'appartenir à aucune formation politique. « Ainsi je suis réellement le maire de tous mes concitoyens », relève-t-il, non sans interpeller l'OPGI de Boumerdès à reprendre son projet des 200 logements, entamé en 1986 et gelé en 1992 pour des raisons financières. Il s'agit de carcasses d'immeubles qui « dénaturent », dit-il, l'entrée de la ville. « Nous ferons tout pour que ce chantier redémarre. En attendant, un projet de 1700 logements de type social dont l'APC est partie prenante est totalement ficelé », promet-il. Pour ce qui est d'infrastructures de base, Ouled Moussa se targue d'avoir réalisé une voie à grande circulation afin d'éviter aux automobilistes, venant de Boudouaou ou Khemis El Khechna pour se rendre à Réghaïa ou Alger, via autoroute. Ce projet, aujourd'hui concrétisé, a coûté la bagatelle de 32 milliards de centimes. « Il fallait défendre l'utilité d'un tel projet, la wilaya de Boumerdès n'ayant vu aucun inconvénient », dira le maire. « Nous sommes en train d'envisager l'extension de la zone d'activité d'Ouled Moussa afin de générer des ressources et ce pour le bon fonctionnement de notre commune. Elle en a tant besoin », conclut-il.