Depuis la nuit des temps, la femme algérienne se trouve confrontée à des sévices hors du commun. En effet, chaque jour, nombreuses sont celles qui subissent des violences conjugales, d'autres sont l'objet de harcèlements sexuels et de viols. Un phénomène qui n'honore pas notre société et qui s'est du reste exacerbé durant la décennie rouge, la femme ayant fait l'objet d'enlèvements suivis de viols, de massacres et d'actes barbares généralement perpétrés par des hommes sans conscience et les hordes intégristes. Les différentes violences subies peuvent être classées dans trois registres : familial, conjugal et social. Au sein de nombreuses familles, la jeune fille, souvent confrontée aux affres de la brutalité de l'autorité parentale, se trouve très jeune contrainte à un mariage forcé dans bien des cas organisé à son insu par ses parents et ceux du conjoint désigné. La fille doit, en effet, dès sa puberté, obéissance à son père, à frères (même plus jeunes), à ses oncles et autres membres masculins de la famille. Elle ne peut disposer librement de sa personne, on lui interdit de suivre des études, de travailler, afin d'effectuer les travaux ménagers en attendant de la marier selon les traditions ancestrales. Elle ne peut refuser le mari choisi par ces derniers ; si elle tente de se rebeller, elle est battue par les hommes de sa famille. De nos jours, cette situation a énormément changé, on ne reconnaît plus de droits à la femme qui a su se battre intelligemment pour défendre ses convictions et élargir son espace d'autonomie, mais il faut pourtant savoir que dans les milieux ruraux, la gent féminine reste encore largement soumise au diktat des hommes. Une fois mariées, beaucoup d'entre elles perpétuent le sort de femmes battues, l'agresseur étant cette fois leur partenaire conjugal. La violence est souvent perpétrée à huis clos, les épouses choisissant, par crainte ou par pudeur, de taire leur douleur et leur désarroi. Elles souffrent, dans bien des cas, non seulement de traumatismes physiques, mais aussi et surtout de troubles psychologiques dont le plus courant est l'angoisse. Les statistiques des services de sécurité de janvier 2004 à janvier 2006 sont, à ce titre, très éloquentes : 15 000 cas de violences sur les femmes en Algérie ont été enregistrés. Ce chiffre est loin de refléter la réalité, puisqu'il ne représente que le nombre de femmes qui ont osé déposer plainte pour mettre fin à d'intenables calvaires et, d'après l'Institut national de santé publique, l'INSP, « 69,5% des femmes battues sont sans profession et 26% sont analphabètes ». Toujours selon cet Institut, « dans 73% de ces cas de violence, l'agression, dont l'auteur est souvent le mari, se déroule à l'intérieur du domicile conjugal ». Telle qu'organisée, la société algérienne ne fait également pas de cadeaux à la femme. La cherté de la vie et la rareté de l'emploi favorisent le harcèlement sexuel dans le milieu du travail. Ce type de harcèlement aujourd'hui très répandu constitue une forme pernicieuse de violence morale et psychologique, porté aux femmes dans ce qui leur est sans doute le plus cher, en l'occurrence l'honneur et la dignité. Le harcèlement sexuel, se manifestant le plus souvent par des pressions assidues exercées par des responsables ou collègues de travail sur les femmes travailleuses, demeure impuni et mal pris en charge par le législateur. Le caractère encore tabou du sujet, fait que la femme se tait par peur de représailles et le législateur, peu informé sur l'ampleur du phénomène, ne juge pas utile d'y apporter une réponse juridique, se contentant d'appliquer une disposition du code pénal (art. 341 punissant le harceleur) qui a montré ses limites. Bien que stipulant clairement, « est réputée avoir commis l'infraction de harcèlement sexuel et sera punie d'un emprisonnement de 2 mois à 1 an et d'une amende de 50 000 à 100 000 DA, toute personne qui abuse de l'autorité que lui confère sa fonction ou sa profession en donnant à autrui des ordres, en proférant des menaces, en imposant des contraintes ou en exerçant des pressions, dans le but d'obtenir des faveurs de nature sexuelle. En cas de récidive, la peine est portée au double ». Cet article ne semble pas avoir eu un effet dissuasif sur le phénomène, dont de nombreux articles de presse confirment, au contraire, un regain d'ampleur. Pour mettre un terme à ces agissements, il faudrait que la femme ait le courage de se défendre, de ne plus se taire et d'oser porter à l'attention de l'autorité publique concernée les harcèlements dont elle est l'objet. L'autorité judiciaire, puisque c'est d'elle qu'il s'agit, aujourd'hui trop procédurière, doit trouver les ressorts nécessaires pour réagir plus vite et plus efficacement aux plaintes que les femmes battues leur ont adressées, souvent avec beaucoup de courage. La justice ainsi que les nombreuses structures créées à l'effet d'assister ces femmes en détresse devraient se tenir encore d'avantage à l'écoute de leurs revendications et leur apporter, chaque fois que nécessaire, l'aide et l'assistance dont elles ont besoin, notamment dans les moments de désarroi, où, contraintes de fuir le domicile conjugal, elles ne savent plus vers qui se tourner pour trouver les protections dont elles ont besoin. Nous pouvons conclure en constatant que, malgré tout, de gros progrès ont été réalisés, la femme obtient un peu plus de considération. Mais il faut reconnaître aussi qu'elle lutte chaque jour contre tous les tabous de la société. Elle se bat de toutes ses forces pour revendiquer sa place au sein de sa société, faire valoir ses droits et ses mérites, pour vivre avec beaucoup moins de violence, sa vie de jeune fille, d'épouse et de mère. L'auteur est Diplômée de l'ISIC