Selon des sources bien informées, le beurre local (zebda arabe), qualifié par les consommateurs européens de bio, fait actuellement l'objet d'un trafic dont les ramifications s'étendent au plan international. Les mêmes sources, qui confirment l'ouverture d'une enquête par les services de sécurité, précisent que ce trafic est contrôlé par de hauts responsables influents à Annaba. La collecte de ce produit laitier naturel s'effectue à travers les zones frontières de l'Est algérien à vocation agropastorale telles les communes de Haddada, Sedrata, M'daourouch de Souk Ahras et Khanget Aoun, El M'rouj, Bougous, Roum El Souk d'El Tarf, avant d'être acheminé vers la Tunisie en passant par les postes frontaliers d'Oum T'boul (El Tarf). Les « éleveurs » tunisiens procèdent alors à son emballage et étiquetage « Product in Tunisia » avec un label bio pour enjamber la Méditerranée et aller achalander les rayons frais des produits bio des pays européens, notamment l'Italie. Il est de notoriété que le beurre est un produit périssable qui exige des conditions de conservation appropriées. Ce qui demeure intriguant quant au moyen de transport utilisé pour acheminer illégalement ce produit vers la Tunisie. L'implication directe de certains habitants de la bande frontalière est avec quelques cadres véreux rend possible l'opération. Le camion frigorifique spécial produit laitiers transite et décharge rapidement chez nos voisins en l'espace de quelques dizaines de minutes en empruntant des pistes « non gardées ». « Le beurre local cédé à 300 DA/kg est très prisé sur le marché, mais y demeure rare malgré les grandes quantités produites par les éleveurs locaux. Selon plusieurs éleveurs, il fait l'objet d'un important trafic », s'accordent à dire les crémiers de Annaba. Ainsi après le trafic de cheptel algérien très coté chez nos voisins de l'Est, c'est au tour du beurre local de se greffer à la longue liste des produits fournis par la filière des trabendistes.