Parce qu'il lui avait interdit de fréquenter son fils, l'agresseur ne trouva pas mieux que de planter un couteau dans l'abdomen de la victime. Le regard perçant, S. H., âgé de 23 ans, s'avance d'un pas alerte vers la barre des accusés. Il a comparu devant le tribunal criminel le 5 mars sous le chef d'accusation de tentative d'homicide. « Les faits ont été relatés à travers la lecture de l'arrêt de renvoi. Vous avez écouté ? Qu'avez-vous à dire pour votre défense ? », interroge le président. « Je n'ai fait que me défendre. Il m'a insulté et m'a frappé alors j'ai riposté. » Le président fait remarquer : « Vous aviez un couteau et vous lui avez porté un coup au ventre. » Le prévenu répète les mêmes déclarations : « J'étais en légitime défense. » Appelée à la barre, la victime, C. A., 50 ans, lance un regard à son agresseur qui se tient debout à la barre, puis déclare tout de go : « Je lui pardonne. Je ne demande aucun dédommagement. » La genèse de cette affaire remonte à l'après-midi du 3 juillet de l'année écoulée et a eu pour théâtre la place Hoche, en plein centre-ville d'Oran. Selon l'arrêt de renvoi, la victime aurait apostrophé l'inculpé pour lui interdire de fréquenter son fils adoptif. Il lui aurait reproché le fait qu'il l'invitait souvent à des beuveries. S. H. n'a vraisemblablement pas apprécié les reproches du quinquagénaire et l'aurait guetté à sa sortie de la mosquée après la prière du Maghreb. Sans lui laisser le temps de réagir, il l'aurait poignardé au niveau l'abdomen avant de prendre la fuite. La victime a été évacuée dans un état critique vers le service des urgences du centre hospitalier d'Oran où elle a subi une opération chirurgicale. Un certificat d'incapacité de travail d'une durée de 45 jours lui a été délivré par le médecin légiste. Le représentant du ministère public souligne en substance dans son réquisitoire que les faits prouvent clairement que « le prévenu a dressé un guet-apens à la victime pour tenter de le tuer », puis conclut en requérant une peine de 8 années de réclusion criminelle. L'avocat de la défense insiste : « Mon mandant n'avait pas eu l'intention de donner la mort, la victime l'a provoqué et l'a bousculé. Mon client est jeune et il a quelque peu mal réagi. » Il plaide le bénéfice de larges circonstances atténuantes. Au terme des délibérations, le tribunal criminel condamne le prévenu à une peine de trois ans d'emprisonnement, assortie d'une amende de 10 millions de centimes.