Malgré une légère baisse de l'émigration algérienne, les transferts de devises affichent une formidable courbe montante. Ces dernières années, selon les résultats des différentes enquêtes sur ce thème, l'argent des émigrés tend à dépasser les investissements directs étrangers (IDE) dont le gouvernement fait la promotion. Un rapport financé par Middle East Research Competition (Merc) souligne que l'argent transféré en Algérie n'est pas le seul fait des émigrants. Il provient également des voyageurs. L'argent des émigrés algériens profite essentiellement aux dépenses de la famille, au paiement de la zakat et à l'épargne. Certains émigrés gardent cet argent pour les grands événements (naissance, mariage, décès), l'achat d'un terrain ou d'une maison. Une minorité en profite pour investir dans une entreprise, contribuer au financement des équipements collectifs du quartier ou du village, à payer leur voyage à l'étranger, à louer des terres. « L'argent transféré est destiné par les ménages principalement à cinq utilisations : pour la consommation quotidienne de la famille, pour acheter d'autres biens et équipements du ménage, pour payer la scolarité des enfants. Il est à relever que les transferts vont très peu dans l'achat d'une maison, de terrain à bâtir, dans l'investissement ou l'ouverture de compte d'épargne en Algérie », est-il indiqué dans le rapport du Merc. L'argent des émigrés emprunte le plus souvent les voies de l'informel. « Le canal informel reste la voie privilégiée des migrants algériens avant le retour avec plus de 75% par des amis et 35% lors des visites à la famille au pays. » Mohamed Saib Musette commente : « L'Algérie se distingue de ses voisins, outre sa position géographique centrale, par ses distances relatives avec ses propres migrants et sa composition, voire son accommodement, avec les immigrants et les migrants de transit. » Et de poursuivre : « Si le Maroc et la Tunisie tendent à devenir dépendants des transferts des migrants, à les associer aussi pour les politiques de développement local, l'Algérie adopte une attitude réservée vis-à-vis de la communauté algérienne à l'étranger, dont le volume est en baisse constante sous l'effet des naturalisations. Mais une nouvelle tendance s'affirme avec le retour des migrants et une nette croissance des transferts de fonds est observée ces dernières années. »