InfoSoir : Tout d?abord, parlez-nous du cas du secrétaire général M. Ghilès ? M. Aït Ali : Concernant le cas de M. Ghilès, une mise au point a été envoyée aux journaux dans laquelle il s'est exprimé. C'est une affaire qui en a étonné plus d'un dans la famille de la voile. D'ailleurs, on ne sait toujours pas par quel canal cette affaire a vu le jour. Le bureau fédéraI s'est réuni en session extraordinaire à Oran pendant les championnats nationaux du printemps, et les neuf membres élus par l'AG ont rejeté les déclarations de M. Ghilès et ont décidé de le traduire en conseil de discipline lors du prochain BF du 15 avril (ndlr : l'interview a été réalisée trois jours avant). Après, je pense que l'affaire sera classée et on n'en reparlera plus. Tous les cadres, présidents de ligue, entraîneurs, arbitres, les membres du BF, les athlètes, les présidents de club, tout le monde s'est étonné de la sortie de M. Ghilès. Nous avons nos problèmes comme toutes les fédérations, nous ne disons pas que nous sommes parfaits, mais j'estime que M. Ghilès aurait dû exposer son «ras-le-bol» en famille. ll y a un cadre structuré et légal dans lequel n'importe quel membre peut soulever un problème ou débattre d'un sujet. Même lors de l'assemblée générale, il avait l'opportunité de le faire. Donc, on ne comprend pas cette sortie médiatique négative à notre sens. Est-ce qu'il a été influencé, je ne sais pas ? Ce qui est certain, c'est qu'au sein du BF toutes les décisions sont prises de manière collégiale. Il nous arrive d'avoir des points de vue différents et de débattre d'un sujet pendant de longues heures, mais on sort toujours avec un consensus. Les 14 membres du BF ne sont jamais sortis du cadre légal. D'ailleurs, vous voyez vous-même nos conditions de travail. Vous êtes arrivé au moment où nous faisions une réunion de coordination avec les cadres dans la plus grande transparence. On a constaté de visu que la Fédération algérienne de voile est mal logée. Quelles sont les raisons ? Notre fédération est logée ici depuis longtemps. Avant, c'était le siège des fédérations sportives, aujourd'hui c'est celui du Cnijs. Il y a eu des propositions de la part du Cnoaost (ex-CFS) pour un relogement dans des baraques, mais mes prédécesseurs avaient refusé. Vous voyez dans quelles conditions nous travaillons : le président n'a même pas un bureau à lui seul pour recevoir ses invités ! Tout se fait et tout se décide dans ce bureau, il n'y a ni confidentialité ni intimité. Nos trois secrétaires sont dans le même bureau que nous, et malgré cela on n'a pas arrêté de travailler. Les autres fédérations ont au moins quatre à cinq bureaux, ce n'est pas le cas de la voile. Nous attendons la fin des travaux de la future bâtisse qui abritera les fédérations pour espérer acquérir un siège plus confortable. On prépare les championnats d'Afrique, les Jeux panarabes alors que nos archives débordent de partout. Quelle est la véritable place de la voile nationale à l?échelle internationale ? La voile algérienne a quand même une bonne place parmi les autres disciplines. C'est une fédération olympique, composée de 14 ligues de wilaya, c'est-à-dire toutes celles du littoral, avec un certain nombre de clubs dont des concentrations à Alger et à Oran, et à un degré moindre à Tizi Ouzou, Skikda et Tipasa. Nous avons au moins 35 clubs affiliés à la FAV. Ce qu'il faut savoir en revanche c'est que c?est une discipline qui coûte excessivement cher. Le matériel est le facteur limitant en raison de sa cherté et de l'absence surtout d'une industrie nautique de renom. Il est vrai qu'il existe une fabrique privée appartenant à un membre fédéral, mais cela reste insuffisant pour répondre à une grosse demande, notamment en matière d'Optimist. Par ailleurs, les subventions et autres moyens financiers, attribués à nos clubs, sont dérisoires. Concernant les moyens financiers, les budgets alloués par le MJS sont-ils suffisants pour faire face aux exigences de cette discipline ? Sincèrement je pense qu?il faudra beaucoup de moyens pour développer cette discipline. Le matériel nous coûte les yeux de la tête Le dernier des supports est estimé à 60 000 DA, c'est à se demander si on peut développer cette discipline ou se déplacer pour une compétition nationale ou acheter du matériel ? Plusieurs de nos ligues et clubs souffrent du manque d'argent, d'autant que chez nous la politique du sponsoring dans cette discipline n'existe pratiquement pas. Ces problèmes ont été, de tout temps, soulevés et exposés à qui de droit, mais la situation n'a pas connu de grands bouleversements. ll ne faut pas nier qu'il y a eu pas mal d'améliorations par rapport à certaines disciplines mais cela reste insuffisant. Au niveau de la centrale, c'est-à- dire le MJS, il y a des efforts qui sont fournis pour aider la voile, sauf que certains Djsl ne jouent pas le jeu pour des raisons parfois futiles. Cela ne date pas d'aujourd'hui, car personnellement, j'étais président de club et président de la ligue d'Alger et j'en connais un bout. ll est vrai que depuis trois ou quatre ans, Alger joue mieux le jeu avec ses clubs par rapport à d'autres ligues qui ne reçoivent pas les mêmes moyens et prises en charge pour l'organisation de manifestations. Peut-on connaître le nombre d?athlètes pratiquant cette discipline ? Les pratiquants recensés réellement dans cette discipline sont au nombre de 1 200 environ. Je ne peux parler d'évolution car il est difficile de s'en rendre compte en raison des chiffres que je considère exagérés qui étaient fournis à chaque fois. Mais depuis le temps, il doit y avoir nécessairement une évolution compte tenu de l'engouement pour cette discipline. Et le nombre croissant de clubs est un bon indicateur pour confirmer cette tendance. Cette saison, avec les championnats d'hiver et de printemps, nous avons constaté le retour de plusieurs clubs qui étaient en veilleuse, comme au niveau des ligues de Mostaganem, de Aïn Témouchent ou de Tizi Ouzou. A Alger, il y a chaque année pratiquement un ou deux clubs qui apparaissent. Oran tourne avec ses 5 ou 6 clubs ... Il y a aussi Annaba qui refait surface avec deux clubs, et ce, malgré tous les problèmes financiers et de moyens que j?ai évoqués. Cela revient au travail entrepris au niveau des ligues et à la politique de développement de la fédération. L'année dernière, nous avions voté en AG un fonds de solidarité pour venir en aide aux ligues et aux clubs en détresse, qui nous a permis de concrétiser quelques opérations.