« Femmes battues » est une enquête sociale sur une réalité que vivent, dans la grande douleur, beaucoup de femmes. Cette enquête se base essentiellement sur des témoignages vivants, tel celui de Zoulikha, grand-mère, mais qui continue de subir les violences de son mari, Kheira une femme battue par son fils, etc. Sur le terrain, l'enquête tient compte des statistiques recueillies auprès du service de la médecine légale du CHUO et celles émises par les sûretés urbaines. Le service de la médecine légale du CHU d'Oran a entamé une enquête sur ce phénomène qui ne cesse de prendre de l'ampleur. En effet, selon les conclusions d'un médecin légiste au CHUO, « il est aujourd'hui important de souligner que le phénomène des femmes victimes de violence constitue un problème de santé publique, un véritable fléau social qui suppose une prise en charge urgente et spécifique. Ces femmes en détresse physique et morale, démunies, devraient bénéficier d'un soutien psychologique et médical dans une structure spécialisée ainsi que d'un conseil juridique. Pour endiguer, ne serait-ce que partiellement ce phénomène, un nouveau cadre législatif serait à notre avis salutaire. » Selon les résultats de cette enquête, 47% des femmes battues, soit près d'une femme sur deux, sont âgées de moins de 30 ans. Il est à signaler qu'aucune tranche d'âge n'est épargnée, même pas les femmes dont l'âge dépasse les 60 ans et qui représentent près de 10% (c'est-à-dire celles qui sont battues par leurs propres enfants). Sur 100 femmes, 50% sont mariées et 32% sont célibataires. Par ailleurs, 55% des femmes battues ont un enfant à charge. Les motifs de l'agression sont répartis comme suit : conflits conjugaux 36%, voisinage 7%, femmes battues sur leur lieu de travail 5%. Dans 94% des cas, l'agresseur est connu par la victime, 30% des femmes sont battues par leurs maris, 26% par le voisinage. 75% des agresseurs sont des hommes et 24%, soit 1 agresseur sur 4, sont des femmes. L'âge de 51% des agresseurs varie entre 20 et 40 ans. Dans 27% des cas, le niveau d'instruction de l'agresseur n'a pu être déterminé. 54% des agresseurs ont un niveau moyen et 20% n'ont aucun niveau d'instruction. Il est important de signaler que 8% ont un niveau universitaire. Il a fallu deux années d'enquête et qu'un décret présidentiel soit publié pour entreprendre une enquête nationale sur les femmes battues et que soient déterminées les typologies des degrés de gravité des actes de violence, les modalités et circuits de prise en charge des femmes victimes de violence par le système judiciaire, sanitaire et sécuritaire. Les services concernés par cette enquête sont la médecine légale, la gynécologie, les secteurs sanitaires et les hôpitaux spécialisés.