Quinze étudiants ont été présentés, hier, au magistrat instructeur près le tribunal de Sidi Bel Abbès pour « trouble à l'ordre public, séquestration et atteinte aux libertés individuelles », et ce, sur la base d'une plainte déposée par le recteur de l'université Djillali Liabès, Nacer Tou. Interpellés par les éléments de la Gendarmerie nationale, lundi vers 19h au siège du rectorat, après deux jours de blocus, ils ont passé la nuit de lundi à mardi en cellule. La gendarmerie les a interpellés alors qu'ils étaient en réunion avec le recteur. L'on signale parmi les personnes arrêtées le responsable du bureau de l'UNEA à Sidi Bel Abbès. Interpellation qui s'est déroulée sous les yeux du recteur et des agents de l'administration au rectorat, nous a-t-on indiqué. A la suite de cette vague d'arrestations dans le milieu estudiantin, le communiqué diffusé, hier, par l'UNEA et l'UNJA a exigé « la libération immédiate et sans condition des étudiants détenus et l'abandon de toute poursuite judiciaire à leur encontre au risque d'envenimer la situation ». « Nous avons été surpris par l'intervention des forces de l'ordre qui ont fait irruption dans le bureau du recteur, alors que tout laissait à penser à un dénouement de la crise », indiquera un étudiant, qui avait pris part aux négociations entamées lundi matin avec le recteur. Par ailleurs, une plainte a été déposée par la direction de la faculté des sciences auprès du parquet contre huit étudiants du Congrès de la jeunesse et des étudiants algériens (CJEA) pour « destruction de biens publics ». Les étudiants incriminés devront comparaître en citation directe devant le juge le 25 décembre. Cinq facultés étaient paralysées hier, selon le recteur ; la totalité des instituts relevant de l'université Djillali Liabès, d'après des étudiants de l'UNEA. UN CHAMP DE LUTTE « POLITIQUE » La décision de « fermer l'université » et de maintenir la pression en guise de solidarité avec les étudiants détenus a été prise la veille au niveau de la résidence universitaire 2000 lits par les représentants de trois organisations estudiantines, à savoir le CJEA, l'UNEA et l'UNJA, qui ont organisé pour l'occasion un important rassemblement dans l'enceinte de cette cité. L'université Djillali Liabès est devenue un immense champ de lutte « politique » où les différentes tendances FLN se livrent bataille par étudiants interposés, relève-t-on. Le nom de Amar Tou, frère du recteur et actuel ministre des Postes et Télécommunications, et d'autres responsables du « front » étaient hier sur toutes les lèvres. Chose que réfutent en public, bien sûr, les représentants des organisations estudiantines pour qui « les problèmes soulevés ces derniers temps sont d'ordre purement sociopédagogique ». Ces derniers ont prévu d'organiser une marche pacifique aujourd'hui qui les conduira devant le siège de la wilaya et dont le point de départ sera la faculté centrale.