La protestation à l'état latent depuis une semaine chez les transporteurs publics qui assurent la ligne Bouira-Béjaïa a atteint son paroxysme hier avec la fermeture de la RN26. Des dizaines de transporteurs, las d'attendre une réponse claire des responsables du secteur à la connaissance desquels ils avaient porté leurs doléances depuis plus d'une semaine, sont descendus dans la rue hier pour bloquer dans la matinée la RN26 à hauteur de Chorfa. Auparavant, ils avaient entamé une grève d'une semaine appuyée par un sit-in pour protester contre la suppression de certains arrêts le long de la ligne et la création de certains autres jugés inacceptables. Selon nos sources, les protestataires ont été harangués par le P/APC de Chorfa qui aurait promis de porter leurs revendications auprès des autorités compétentes. Ils avaient consenti à rouvrir la voie, mais menacé de la refermer aujourd'hui si aucune suite n'est donnée à leurs revendications. Ces mêmes voyageurs se plaignent à leur tour de ce que les prix des places augmentent sans justification, ainsi les tarifs imposés par les transporteurs sur la ligne Aïn Bessem-Bouira passent de 20 DA à 25 DA ou de Lakhdaria-Bouira majorés de 10 DA. Mais là où la situation se complique vraiment c'est lorsque pour des infractions commises, l'administration procède à la mise en fourrière d'un certain nombre de fourgons, ce qui amène des perturbations dans le service sur les lignes qu'ils assurent. L'attente dans certains arrêts dure parfois des heures. Mais imputer ces attentes dans les arrêts à la seule administration serait occulter la part de responsabilité des transporteurs dont le comportement n'honore pas toujours leur profession. D'abord, nombre d'entre eux, ne cherchant que leurs intérêts sans se soucier des usagers, préfèrent rebrousser chemin avant d'avoir seulement parcouru la moitié du trajet. Par exemple, sur la RN18, les transporteurs qui reviennent de Bouira font demi-tour à partir de Amar Khodja ou Saïd Abid, sans atteindre Aïn El Hadjar qui est le terminus. Souvent trois, quatre fourgons attendent l'un derrière l'autre un hypothétique public à Saïd Abid, alors que l'attente en ce chef-lieu de commune, à 10 km à l'ouest de Bouira, devient interminable. Que dire encore du comportement inqualifiable de certains transporteurs qui vont jusqu'à manquer de respect aux voyageurs (nous citons l'exemple de cet individu qui pour interdire l'accès de son véhicule à un citoyen qui ne lui plaisait pas l'avait insulté et menacé de le frapper s'il essayait de monter) ? D'autres font appel à des parents ou à des amis pour les relayer au volant. D'autres encore encaissent eux-mêmes l'argent au lieu d'avoir un receveur. Ce qui conduit à des situations déplorables, ainsi ce voyageur qui donnait 50 DA à un nouveau receveur sur la ligne RN18, non seulement il ne reçoit pas de ticket, mais en plus il est sommé par ce jeune receveur de payer au lieu de se faire rendre la monnaie. A noter que sur certains lignes, les transporteurs ne consentent à délivrer de ticket que quand ils constatent qu'il y a un barrage sur leur trajet. La direction des transports devrait procéder à des contrôles inopinés sur certaines lignes et — pourquoi pas ? — mettre à la disposition des voyageurs des registres de doléances afin de corriger les abus et d'améliorer les conditions de transport au grand soulagement de tous.