Une BMW, une Mercedes et une Alfa Roméo ont été au menu de l'audience du tribunal pénal de Sidi M'hamed à alger le 12 mars dernier. Ces trois véhicules de luxe, deux de marque allemande et la troisième d'origine italienne, ont drainé dans leur sillage une vingtaine de personnes. Si ces rutilantes berlines, objets d'une affaire vieille de huit ans, ont quitté, il y a bien longtemps, les routes d'Algérie sur ordre des autorités, les 20 prévenus, en revanche, (dont trois femmes) doivent répondre de leur supposé lien avec cette affaire des trois voitures volées. S'agit-il d'un réseau spécialisé en la matière ? Si tel est le cas, existe-t-il une hiérarchie à même de canaliser tout ce bon monde ? A suivre les débats, on serait amené à dire le contraire, pour paraphraser la dizaine d'avocats chargés de la défense. Sont-ils accusés injustement ? Pour répondre à cette question, il faut d'abord remonter à la source du problème. En effet, l'acte d'accusation fait ressortir qu'une Alfa Roméo, importée de Tunisie, était en fait un véhicule volé. Lieu du vol ? L'Italie. En fait, la personne, qui avait importé l'Alfa Roméo de chez nos frères tunisiens, semble ignorer cet état de fait. « J'ai acheté le véhicule de moins de trois ans (une mesure encore en vigueur, il y a 8 ans) le plus normalement du monde. Déclaré à la douane, le véhicule devait ensuite passer aux services des mines. Le contrôle était concluant ce qui me permettait de le dédouaner puis obtenir une carte grise en toute légalité », déclare le premier mis en cause, du moins considéré comme le premier maillon de la chaîne. Il faut dire que la liste est encore longue pour un tribunal décidé à avoir le cœur net sur cette affaire relativement enchevêtrée. Calmement, le magistrat appelle ensuite à la barre le 2e prévenu. Ce dernier, qui avait acheté la voiture de marque italienne, est aussi impliqué. Son tort : l'acquisition d'un véhicule volé en Italie, atterrit en Tunisie puis importé « en toute légalité » en Algérie. L'Alfa Roméo figurait sur une liste dressée par Interpol. l'Algérie étant membre de l'organisation de la police internationale, il était donc aisé à nos services de sécurité de mettre la main sur le véhicule en question. Toujours à la barre, le numéro 2 de la longue liste des prévenus devait répondre à la question du président. « Qu'avez-vous à dire ? », interroge le magistrat. L'accusé, qui devait à son tour revendre le véhicule à une personne d'Alger, pour une somme de 130 millions de centimes, ne sait pas quoi dire. « Je ne savais pas que le véhicule était volé. Et pourtant je l'ai fait examiné par les services des mines car devant changer de wilaya », balbutie-il. Le troisième, c'est pareil. Il dira exactement ce qu'il avait déclaré à la police et au juge d'instruction. « J'étais à mille lieux de savoir que le véhicule a été volé quelque part en Italie. J'avais une carte grise, dûment établie par l'administration algérienne », se défend le prévenu. D'autres mis en cause, notamment un responsable au niveau des services de cartes grises d'une daïra d'Alger, passeront à la barre. « Mon mandant avait sous les yeux un dossier complet (douanes, mines, etc). Il a signé (la carte grise) sur la base de documents dûment établis par des institutions de notre Etat », fera remarquer un avocat. L'audience devait durer presque une matinée entière pour entendre les autres personnes qui, plaideront leurs avocats, sont aujourd'hui « injustement » poursuivis en ce qui concerne les deux autres véhicules. Le verdict sera connu le 2 avril 2008.