Le gouvernement vise à réduire le taux de chômage à moins de 10% d'ici 2009 et à moins de 9% d'ici l'horizon 2013. Un bel objectif que voilà mais savons-nous réellement quel est le véritable taux de chômage en Algérie ? La réponse est certes non, puisque chaque institution officielle prône un chiffre au gré des conjonctures et de son positionnement. En février dernier, l'Office national des statistiques avait publié une enquête révélant que le taux de chômage en Algérie a atteint 13,8%, enregistrant une hausse par rapport à l'année 2006. Le ministre de la Solidarité a voulu être plus rassurant en annonçant le taux de 10% et se félicitant de constater une régression du nombre de chômeurs. Comme dans une vente aux enchères chacun évalue à sa guise la marchandise et mise sur le prix lui convenant le mieux. Le commissaire général à la planification et à la prospective, Brahim Ghanem, avait lui aussi proposer un autre chiffre des sans-emploi en Algérie, qui est celui de 11,8%. Annonçant ce chiffre lors de son passage devant le conseil du gouvernement, Brahim Ghanem disait s'être basé pourtant sur l'enquête menée par l'ONS ; est-ce à dire qu'une même enquête peut déboucher sur deux résultats différents ? Vraisemblablement, l'Algérie qui est le pays des miracles n'a pas encore fini de nous surprendre. De ces trois taux de chômage aussi étonnamment différents, le ministre du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale, qui appartient au même gouvernement que Djamel Ould Abbès, a choisi le chiffre proposé par Brahim Ghanem pour établir sa stratégie de lutte contre le chômage, c'est-à-dire 11,8%. Quelle fiabilité accorder au choix du ministre lorsque trois organismes officiels annoncent trois chiffres différents ? Quel crédit accorder au plan de lutte contre le chômage lorsqu'au départ on se base sur des données approximatives ? Un résultat assuré se doit d'être calculé sur une situation réelle. Autre questionnement qui s'impose, à quoi peut servir d'avoir un organisme de statistiques si l'on ne se réfère pas aux résultats de ses enquêtes ? S'il existe un dénominateur commun dans l'évaluation de l'économie nationale par les différents observateurs nationaux et étrangers, c'est bel et bien l'absence de données fiables et de statistiques avérées. L'opacité qui règne dans la gestion des affaires économiques n'a pas fini de faire basculer le pays dans des lendemains incertains et un avenir des plus incontrôlés. Avec tant d'incertitudes, les chômeurs d'en bas attendront encore de voir les décideurs d'en haut leur ouvrir les portes de l'emploi.