Photo : Zoheïr Par Samir Azzoug Il est le garant de la stabilité et le facteur indispensable pour la dignité. Il est droit et devoir à la fois. Le travail et son synonyme l'emploi sont devenus des enjeux stratégiques pour l'équilibre de la société et celui du régime. Dans un monde articulé essentiellement autour de la «consommation», devenue, par la force du modèle idéologique régnant, le lubrifiant de l'économie sans quoi toute la machine casse, avoir accès à l'emploi est une condition vitale. La création de postes de travail obnubile les économistes et devient un argument phare de toute campagne électorale. En Algérie, celle qui a vu l'élection de Abdelaziz Bouteflika pour un troisième quinquennat à la tête du pays était ponctuée par la promesse faite par ce dernier de créer 3 millions de postes d'emploi à l'horizon 2014. Le challenge est de taille. Dans cette perspective, la loi de finances 2010, qui scelle le démarrage du nouveau programme quinquennal (2009-2014), engage des mesures sociales, économiques et financières pour la lutte contre le chômage et la création de nouveaux emplois avec comme leitmotiv encourager les investissements productifs générateurs d'emplois. En ce qui concerne les mesures concrètes visant à réduire le taux de chômage à 9% avant la fin 2014, la simplification et la réduction des charges fiscales pour les entreprises, en misant sur celles à fort potentiel de recrutement, se veulent un moyen incitatif dont les répercussions «logiques» seraient de désinhiber les promoteurs sur la question de l'embauche et la création de nouvelles entreprises. 200 000 PME/PMI seront créées en cinq années, selon les prévisions. Ainsi, les organismes d'aide à la création de ces entreprises (ANSEJ, CNAC, ANGEM…) seront reconduits. Une aubaine sur le plan purement «philosophique», mais qui a montré quelques lacunes ces dernières années. Sur les entreprises créées grâce aux projets ANSEJ, la mortalité des PME/PMI serait de l'ordre de 20%, selon les officiels et de plus de 50% d'après certains spécialistes. Mauvaises appréciations, défaut d'accompagnement et «naïveté» des jeunes promoteurs seraient derrière cette défaillance. La nouvelle loi de finances, signée mercredi dernier par le président de la République, consacre 42,6 milliards de dinars à la création, d'ici la fin 2010, de 60 000 emplois dans la fonction publique, 13 milliards à 144 000 postes via le secteur de la solidarité nationale et 24 milliards par celui du travail pour 432 000 emplois. Ces chiffres feraient fantasmer les économistes les plus téméraires, face aux vagues de licenciement et à l'aggravation des taux de chômage induits par la crise économique mondiale. Ainsi, ce sera plus de 600 000 nouveaux postes d'emplois qui seront offerts pour la seule année 2010. Enorme ! Si on décortique ces données, le coût de création d'un emploi serait de 90 000 DA pour un poste d'attente (pour ceux offerts par la solidarité nationale) et de 56 000 DA pour le dispositif d'aide à l'insertion professionnelle (DAIP). Garantir un travail «précaire» est donc plus coûteux qu'un emploi réel. Pour prendre conscience du coût de la création d'un emploi (relativement stable, mais du moins réel), la décision de l'Etat de subventionner le prix du billet d'avion pour le Luanda (Angola) en faveur des supporters de l'équipe nationale -cédé à 60 000 DA contre environ 130 000 DA-,permettrait de créer un nouveau poste pour chaque supporter embarqué à bord d'Air Algérie. Malheureusement, la création d'emplois ne dépend pas d'une simple logique arithmétique. C'est toute une dynamique économique à mettre en œuvre. Toutefois, les actions engagées par l'Etat en matière de poursuite des programmes de soutien à l'emploi, initiées en 2009, ont permis de résorber le taux de chômage établi entre 10,9 et 11% (en 2009) contre 11,3% en 2008, selon le dernier rapport du Conseil économique et social (CNES). Le document précise que le nombre d'emplois créés au premier semestre 2009, s'élève à 758 000 et note que ce chiffre «reste dominé par les emplois d'attente».