Le colloque international sur le terrorisme a pris fin hier avec l'adoption d'une série de recommandations et d'une déclaration dite d'Alger. Après un dépôt de deux gerbes de fleurs, l'une devant le Conseil constitutionnel, à El Biar, et l'autre devant les anciens bureaux onusiens à Hydra, à la mémoire des victimes des attentats du 11 décembre 2007, les travaux ont repris avec une communication présentée par Mme Saadia Haq, une journaliste pakistanaise, ayant pour thème « L'antiterrorisme et la société civile, une stratégie commune ». Pendant au moins 20 minutes, la conférencière réduit toute la situation de son pays, minée par un intégrisme des plus radicaux et un régime qui s'adonne aux compromissions les plus perverses, dont celle avec le régime des Taliban, à une simple histoire d'« hégémonie » de l'Inde sur le Pakistan. Elle parle longuement du « drame des habitants du Cashemire, à 98% musulman, occupé par une Inde non musulmane ». Occupation, dit-elle, qui « est à l'origine » de la possession par le Pakistan de l'arme nucléaire et de la course à l'armement. Aucun mot sur les événements de la Mosquée rouge, ni sur les camps d'entraînement des Afghans arabes à la frontière pakistanaise avec l'Afghanistan, ni même les nombreux attentats kamikazes ou assassinats de certaines personnalités politiques, à l'image de Benazir Buttho, ex-Premier ministre. La conférencière a conclu, avec une phrase très lourde de sens : « Il faut avoir à l'esprit qu'un terroriste est une personne qui veut, à travers ses actes, transmettre un message. Alors essayons de discuter avec lui pour savoir ce qu'il veut. » Revenant à la réalité, Cherifa Bouatta, professeur en psychologie, a fait une excellente intervention sur le « Deuil terminé et deuil interminable », à travers deux cas, une mère d'un enfant de 14 ans enlevé par des terroristes en 1994 et d'une épouse dont le mari a été kidnappé par des intégristes armés. Les deux exemples se ressemblent et se distinguent en même temps. Ils se ressemblent par la douleur que les deux femmes ressentent et le deuil qu'elles n'arrivent pas à faire, à cause de l'absence de cadavre et de rituel funéraire. Cette séparation entre les vivants et les morts. Les deux femmes se culpabilisent et en veulent à leurs disparus. Elles refusent d'admettre leur mort. Mais si la seconde a fini par accepter la mort de son mari, après qu'elle a reconnu son crâne, retrouvé dans un charnier, la mère de l'adolescent, en dépit du fait qu'elle a reçu un certificat de décès délivré par les autorités, reste rongée par le sentiment de n'avoir pas su le protéger. Néanmoins, les deux victimes espèrent qu'avec le jugement des auteurs des deux enlèvements, le deuil sera peut-être complètement fait. « La reconnaissance du mort est essentielle dans le processus du deuil, car elle permet cette séparation qu'il y a entre les vivants et les morts », a conclu Mme Cherifa Bouatta. Les conférenciers ont poursuivi les débats au sein de cinq ateliers, ayant pour thème « Antiterrorisme et société civile, stratégie commune », « Sécurité et acte citoyen face au terrorisme », « Terrorisme et traumatisme psychologique », « Terrorisme et impact socioéconomique ». Ces débats se sont terminés tard, avec l'adoption de plusieurs recommandations et d'une déclaration finale.