Les attentats d'hier qui ont ciblé le siège du Conseil constitutionnel et la représentation de l'ONU à Alger portent sans doute la signature du GSPC. Il y a une forte probabilité que ce soit cette organisation terroriste qui en est derrière, selon le ministre de l'Intérieur, Yazid Zerhouni. Le siège du Conseil constitutionnel faisait partie des cibles du GSPC depuis longtemps. Le ministre révélera, lors d'une conférence de presse qu'il a animée hier en début de soirée, que les services de sécurité, après le démantèlement des réseaux après les attentats du 11 avril dernier, ont découvert que le siège dudit conseil faisait partie de la liste des cibles. Donc, il ne fait aucun doute, selon lui, que les auteurs des attentats d'hier appartiennent au GSPC. Mais pourquoi alors cela a pu arriver ? Baisse de vigilance ? Pour M. Zerhouni, il n'y a aucun dispositif hermétique, mais “nous réfléchissons et élaborons des dispositifs”, et d'affirmer que les dispositifs actuels ont démontré leur efficacité. Les bilans des services de sécurité dans la lutte contre le GSPC le prouvent. Mais, dit-il en insistant, “contre un attentat à la bombe et surtout en ville, aucun dispositif ne peut être totalement hermétique”. Il a, par ailleurs, exclu qu'il y ait un lien entre ces deux attentats et les déclarations de Rezzag Bara ou la symbolique du 11 septembre. Les cibles sont décidées des mois avant, dit-il, expliquant que la préparation des actes n'est pas une affaire de deux jours. Les édifices publics et institutionnels sont des cibles privilégiées en raison de l'écho que cela provoque. D'où le renforcement de la surveillance autour de ces bâtiments et des lieux publics. Le ministre a démenti, par ailleurs, les différents bilans annoncés par les agences de presse et certains organismes. Le bilan officiel établi à 16h fait état de 22 morts. L'attentat de Hydra a fait 12 morts et celui de Ben Aknoun 10. Il a, par ailleurs, confirmé qu'il n'y a aucune victime parmi les fonctionnaires de l'instance onusienne contrairement à une information qui faisait état d'une dizaine de morts. Parmi les 12 victimes de l'attentat de Hydra, il y a trois Asiatiques, deux policiers et des civils. Le nombre de blessés s'élève à 177 dont 53 ont été transférés à l'hôpital, alors que les blessés légers ont été soignés sur place. 47 blessés restent néanmoins hospitalisés, et le ministre assure que la majorité sortira au courant de la soirée. Donc, côté fonctionnaires onusiens, aucun décès n'est à déplorer, mais le ministre déclare qu'il y a trois blessés parmi eux : deux Sénégalais et une Libanaise. Il y a également deux étrangers victimes, probablement un Sénégalais et un Camerounais en cours d'indentification, mais ne relèvent pas du personnel onusien. La liste des victimes sera rendue publique une fois l'enquête et l'identification terminées, a-t-il promis. Les dégâts matériels sont plus grands, surtout le bâtiment de l'ONU qui est gravement touché, alors que le siège du Conseil constitutionnel n'a subi que des dégâts légers. Le ministre soupçonne, par ailleurs, que les deux attentats soient l'œuvre de kamikazes. Il n'écarte pas l'hypothèse. L'enquête le déterminera. Ils ont utilisé deux véhicules légers, des camionnettes. Celle qui a ciblé le siège onusien transportait une citerne d'eau. Il se peut aussi, supposa-t-il, que les bombes soient actionnées à distance. Il conclut que ces attentats sont “la preuve que cette organisation est en difficulté et en perte de vitesse”. Interrogé enfin sur le risque de voir les étrangers quitter le pays, Yazid Zerhouni répondra par une anecdote. Lorsqu'il était en poste dans une ambassade, dans les années 1990 au paroxysme du terrorisme, il eut à rencontrer le président d'une grande compagnie qui voulait venir en Algérie. Lorsque l'ambassadeur Zerhouni termina son topo de la situation dans le pays, un tableau rassurant qu'il fit, son interlocuteur lui rétorqua : “Je sais que la situation est difficile, nous sommes une grande entreprise, si nous avons des intérêts nous viendrons, le reste nous nous en chargerons.” Sans commentaire ! Djilali B.