Le 4e round des négociations de Manhasset entre le Maroc et le Front Polisario qui s'est achevé le 18 mars, et la situation de la population sahraouie, et particulièrement celle des militants des droits de l'homme, ont fait l'objet d'une conférence de presse, mardi après-midi, au CAPE. Paris. De notre bureau Cette conférence a été animée par Omar Mansour, nouveau représentant du Front Polisario en France. « Au cours de cette rencontre nous avons développé une proposition de compromis qui consiste en l'organisation d'une consultation populaire qui donnerait l'opportunité au peuple sahraoui de choisir en toute liberté entre les trois options suivantes : l'annexion, l'autonomie et l'indépendance. Notre proposition est également porteuse de messages qui, à notre avis, répondent aux inquiétudes du Maroc en matière de sécurité, de ressources naturelles et concernant le peuplement marocain au Sahara-Occidental », a souligné le représentant du Front Polisario en France. « Le Maroc, malheureusement fidèle à ses pratiques de blocage, a posé comme préalable à tout progrès dans les discussions, la prise en compte de sa proposition d'autonomie comme seul point à retenir dans la négociation. Il a par ailleurs rejeté toutes les mesures de confiance proposées par le médiateur de l'ONU ainsi que toute discussion sur le respect des droits de l'homme. Le Maroc a accepté uniquement le principe d'échange entre les familles avec l'organisation de visites par voie terrestre », a signalé Omar Mansour. Le Front Polisario demeure disposé à coopérer avec les Nations unies pour achever la décolonisation du Sahara-Occidental, a précisé Omar Mansour, qui a ajouté que « c'est dans cet esprit que nous avons accepté de participer au cinquième round de négociations démarrées en juillet 2007. Nous espérons que le Maroc saisira cette main tendue.Toutefois, si le processus de paix ne conduit pas à l'exercice de l'autodétermination, nous n'aurons pas d'autre solution que de reprendre la lutte armée ». Et aussi, « imposer aux Sahraouis une autonomie, c'est la balkanisation du Maroc, c'est le faire sauter de l'intérieur. Nous voulons la stabilité du Maroc et du Maghreb ». Interrogé sur la position française, Omar Mansour a répondu : « Nous avons été victimes de la politique du gouvernement français (sous la présidence de Jacques Chirac, ndlr), nous espérons qu'avec le président Sarkozy, un homme pragmatique, la France adoptera une position équilibrée. » Démentant l'existence d'un courant favorable à l'autonomie au sein du Front Polisario, comme le laissait entendre un journaliste marocain, Omar Mansour répond que « le Front Polisario est un front patriotique avec une démocratie interne, nous cherchons l'indépendance de manière démocratique, par les urnes. Il peut y avoir des personnes qui veulent l'autonomie, elles sont libres, c'est pour cela que nous demandons un référendum ». Un autre journaliste marocain parle de défections dans les rangs du Polisario. Le Front Polisario permet-il aux hommes et aux femmes qui souhaitent rejoindre le Maroc de le faire ? demande-t-il. « Dans tous les mouvements de libération nationale, il y a des gens qui ne vont pas jusqu'à la fin de la lutte, nous respectons leur décision. Rejoindre le Maroc n'est un obstacle pour personne. Nous n'avons pas peur de cela. Ce sont ceux qui ont dressé le mur et qui ont peur du Polisario. Pourquoi un mur de 2400 km ? Les gens ne sont pas enchaînés, c'est une propagande mensongère qui discrédite le Maroc. Avec ce genre d'argument on ne va pas loin. » Le 2e point abordé par Omar Mansour concerne la situation de la population sahraouie des territoires occupés. Depuis le début du soulèvement populaire l' « Intifada », en mai 2005, suite au refus du Maroc d'accepter la tenue du référendum d'autodétermination, les manifestations pacifiques se succèdent dans les villes du Sahara-Occidental et au sud du Maroc où réside une importante population d'origine sahraouie, a précisé le représentant du Front Polisario. « Les autorités marocaines y ont répondu par une répression brutale qui s'est soldée par trois morts et des centaines de blessés et de prisonniers. » Soixante de ces prisonniers, dont Brahim Sebbar, secrétaire général de l'Association sahraouie des victimes des violations des droits de l'homme (ASVDH), observent depuis un mois une grève de la faim pour réclamer de meilleures conditions de détention et le respect de leurs droits.