Marocains et Sahraouis se retrouveront finalement autour d'une même table, les 10 et 11 février, dans le Comté de Westchester en banlieue nord de New York. «Le secrétaire général M.Ban Ki-moon se félicite que les parties (le Maroc et le Front Polisario) aient accepté la proposition faite par son envoyé spécial, M.Christopher Ross, pour que la prochaine session de pourparlers informels sur le Sahara occidental se tienne les 10 et 11 février», a annoncé, mardi, un des porte-parole de l'Organisation des Nations unies, Farhan Haq, au cours d'un point de presse. Les discussions devraient reprendre sur la base des résolutions adoptées par le Conseil de sécurité et essentiellement la dernière d'entre elles. Celle votée le 30 avril 2009. La résolution 1871 appelle les deux parties en conflit, le Polisario et le Maroc, à poursuivre les négociations «sans conditions préalables et de bonne foi, en vue de parvenir à une situation politique juste, durable et mutuellement acceptable qui pourvoie à l'autodétermination du peuple du Sahara occidental». Le communiqué de l'ONU souligne en outre que Ban Ki-moon «encourage les parties à faire de nouveaux progrès et exhorte à des discussions substantielles et productives». C'est la seconde réunion informelle qui va être mise sur pied depuis la nomination du nouveau représentant du secrétaire général de l'Organisation des Nations unies. La première s'est tenue au mois d'août 2009 en Autriche. Les deux délégations se sont séparées sans signe notable de progrès dans leurs discussions. Comme l'ont été sanctionnés, de la même manière, ceux des quatre rounds de négociations qui se sont tenus à Manhasset aux Etats-Unis. Depuis, c'est la panne sèche. La situation des Sahraouis s'est retrouvée rythmée et fortement marquée par la détérioration de leur droit à s'exprimer librement sur leur devenir. Leur indépendance. Ce qui a conduit le président de la République sahraouie à saisir le secrétaire général de l'Organisation des Nations unies. «Les graves violations commises par l'Etat marocain durant plus de trois décennies sont aujourd'hui une réalité incontestable qui requiert une intervention internationale urgente», a écrit Mohamed Abdelaziz dans une lettre adressée au premier diplomate de la planète. Les affirmations du secrétaire général du Front Polisario sont corroborées par le rapport implacable de HRW, Human Right Watch. «Les restrictions sont particulièrement strictes dans la région contestée du Sahara occidental, sur laquelle le Maroc revendique la souveraineté et qu'il administre comme si elle faisait partie de son territoire national... De nombreux Sahraouis ont été inculpés ou emprisonnés à cause de leurs revendications pacifiques en faveur de l'autodétermination pour le Sahara occidental», précise le document de l'ONG américaine. Le Maroc, quant à lui, a fait dans la surenchère, probablement en vue de cette seconde série de pourparlers informels. «La loi marocaine...s'applique et s'appliquera conformément à la pratique internationale au Sahara marocain», a écrit de son côté Fassi Fihri, le ministre marocain des Affaires étrangères et de la Coopération dans une missive destinée à Ban Ki-moon. Dans un climat aussi délétère, Christopher Ross aura réussi un véritable tour de force en parvenant à convaincre les protagonistes de ce conflit à revenir à la table des négociations. Ce n'était ni acquis, encore moins gagné d'avance. Les relations déjà inexistantes entre la République sahraouie et le Royaume du Maroc du fait de leur caractère colonial, qui les distingue, sont quasiment épidermiques. La répression qui cible les militants sahraouis des droits de l'homme, a redoublé de férocité. Le fossé, déjà énorme entre les représentants du peuple sahraoui et les négociateurs marocains, s'est davantage creusé, au point où il était devenu pratiquement inimaginable, ne serait-ce qu'un seul instant, à ce qu'ils reprennent langue aussitôt. La rencontre des 10 et 11 février, quoi qu'il advienne, portera l'empreinte particulière du successeur de Peter Van Walsum.