C'est encore une fois l'échec. Le quatrième round de négociations directes entre le Maroc et le Front Polisario à Manhasset, près de New York, s'est achevé, en queue de poisson. Les pourparlers de Manhasset ont pris fin, mardi dernier, sans enregistrer d'avancée réelle. A part l'accord de principe des délégations marocaine et sahraouie de se retrouver à nouveau autour de la table de négociations — à la demande de Peter Van Walsum, envoyé personnel du SG de l'ONU, Ban Ki-moon, au Sahara occidental — dans un lieu et à une date qui restent à préciser, les positions des deux parties sont restées divergentes. La délégation marocaine a, comme lors des trois précédents rounds, campé sur sa proposition d'autonomie pour le Sahara occidental. Le chef de la délégation sahraouie, Mahfoud Ali Beïba, a, à l'ouverture de ces pourparlers, déploré le fait que le Maroc « veut imposer » son plan d'autonomie pour le Sahara occidental « et pas négocier » une solution qui respecte le droit des Sahraouis à l'autodétermination. Une position considérée par le Front Polisario comme allant à l'encontre des résolutions (1754 et 1783) du Conseil de sécurité qui a appelé les deux parties à négocier « sans conditions préalables » pour aboutir à une « solution politique mutuellement acceptable qui respecte le droit du peuple sahraoui à l'autodétermination ». Le Maroc a rejeté en bloc les mesures de confiance proposées par l'ONU, lors de ces pourparlers. « Il n'y a pas de progrès substantiel sur une solution définitive et juste du conflit, à cause de la traditionnelle intransigeance du Maroc », a déclaré à l'APS Ahmed Boukhari, représentant du Front Polisario auprès des Nations unies et membre de la délégation sahraouie aux négociations de Manhasset. M. Boukhari a indiqué que « les propositions de l'envoyé personnel sur les mesures de confiance ont été acceptées dans leur intégralité par le Front Polisario, mais refusées par le Maroc ». Ces mesures portent sur l'échange de délégations politiques de haut niveau entre les deux parties, le déminage et la constitution de commissions mixtes militaires entre le Maroc et le Front Polisario pour assurer, entre autres choses, le respect du cessez-le-feu en vigueur depuis septembre 1991. Le Front Polisario a aussi voulu « inclure dans l'agenda des négociations la question des droits de l'homme qui sont bafoués de manière quotidienne dans les territoires occupés par le Maroc », a relevé M. Boukhari. Mais, Rabat « a refusé, comme il a refusé les mesures de confiance de l'ONU », a-t-il dénoncé. Les deux parties « ont accepté l'échange de visites familiales par voie terrestre, mais ce n'est pas cela les mesures de confiance proposées à la base par l'envoyé personnel » de M. Ban Ki-moon, a-t-il noté. Seul point positif de ce round en effet, les deux parties se sont mises d'accord pour étendre le programme d'échange des visites des familles sahraouies entre les camps de réfugiés et les territoires sahraouis occupés. Selon les termes de cet accord, les familles sahraouies, séparées par le mur de sable (truffé de quelque six millions de mines) construit dans les années 1980 par le Maroc, qui divise en deux le territoire du Sahara-Occidental, pourront se rendre de part et d'autre de ce mur par voie terrestre. Elles n'avaient jusque-là que la voie aérienne comme seule possibilité de transport. M. Boukhari a cependant affirmé qu'« en dépit de l'absence de progrès substantiels, le Front Polisario ne dit pas que le processus de Manhasset est mort ». « Nous sommes prêts à continuer dans le processus et à participer à un cinquième round », a-t-il assuré. Le responsable sahraoui déplore que « le Maroc, puissance occupante et coloniale du Sahara-Occidental, refuse, comme d'autres puissances coloniales dans le passé, de faire face à la réalité et de reconnaître la vérité et la légalité qui proclament la nécessité de respecter le droit à l'autodétermination du peuple sahraoui, à travers l'organisation d'un référendum libre et régulier ».