Photo : S. Zoheir Par Ghada Hamrouche Le Front Polisario met en garde la communauté internationale contre les risques d'explosion dans les territoires sahraouis si les faux-fuyants marocains se poursuivaient. Par faux-fuyants, les responsables sahraouis désignent sans équivoque l'absence d'agenda pour la reprise des négociations. Lors d'une conférence de presse animée hier par les responsables sahraouis au siège du Comité national algérien de solidarité avec le peuple sahraoui (CNASPS), M. Abdelkader Taleb Omar, Premier ministre de la République arabe sahraouie démocratique (RASD), a donc franchement appelé les Nations unies à «bouger, car il y a risque d'escalade et d'explosion», a-t-il dit. «La répression marocaine est particulièrement intense contre les militants sahraouis des droits de l'Homme», a-t-il dénoncé. «Les pays influents et qui suivent la situation dans la région doivent également intervenir» pour faire appliquer la légalité internationale au Sahara occidental, a-t-il souligné. Il a affirmé que le Front Polisario «se prépare à l'option de la reprise de la lutte armée mais ne souhaite pas la guerre». M. Taleb Omar a aussi déploré l'«arrêt du processus de négociations» entre le Front Polisario et le Maroc, entamé en juin 2007 sous l'égide de l'ONU. Des négociations qui se sont déroulées en quatre rounds à Manhasset, près de New York, sans parvenir à une avancée réelle. Les deux parties belligérantes avaient donné en mars leur accord de principe pour un cinquième round de pourparlers. «Mais les déclarations du médiateur onusien Peter Van Walsum» sur l'«irréalisme» de l'option d'indépendance au Sahara occidental a fait qu'«il n'y a pas d'agenda pour de nouvelles négociations», a dit le Premier ministre sahraoui. Pour le Front Polisario, «la tenue de nouvelles négociations paraît difficile tant que Van Walsum reste» l'envoyé personnel du secrétaire général de l'ONU au Sahara occidental car il «a violé le principe d'impartialité qui doit caractériser sa fonction», a souligné M. Taleb Omar. Le conflit sahraoui, a-t-il rappelé, est une «question de décolonisation, et c'est ce que réaffirme chaque année l'Assemblée générale des Nations unies». «Le Conseil de sécurité a appelé de nouveau dans sa dernière résolution, la 1813 [adoptée en avril 2008], à une solution politique au conflit du Sahara occidental, à travers des négociations entre les deux parties au conflit, le Maroc et le Front Polisario, sous l'égide de l'ONU, et qui respecte le droit du peuple sahraoui à l'autodétermination», a-t-il encore expliqué. «Le rôle de l'ONU est de faire appliquer la légalité internationale. Si elle devient l'outil de la consécration du fait accompli colonial, alors on n'en a pas besoin», a-t-il relevé. «Imaginez un monde où la règle serait le “réalisme” : ça serait la loi de la jungle et le règne du plus fort», a-t-il dit. Le responsable sahraoui a également réitéré la décision du Front Polisario de reconstruire les territoires sahraouis libérés «qui représentent le tiers de la superficie du Sahara occidental, soit quelque 100 000 km2», a-t-il précisé. «Nous allons donc faire reconstruire les villes et les villages détruits par les forces d'occupation marocaines», a-t-il déclaré. Le Premier ministre sahraoui a, d'autre part, dénoncé les «pressions suscitées autour de la question des aides humanitaires aux réfugiés sahraouis». Ces aides «arrivent toujours en retard, ce qui a causé l'épuisement du stock d'urgence de nourriture auquel nous avions recours en cas de retard dans l'acheminement des vivres», a-t-il déploré. «Ceci fait que, pratiquement, chaque mois nous avons une situation de crise. C'est inacceptable», a-t-il affirmé, indiquant l'existence de consultations avec les «pays amis» de la RASD pour faire face à cette situation. Il saluera l'engagement de l'Algérie pour le droit inaliénable du peuple sahraoui à disposer de lui-même. «Le soutien de l'Algérie à la lutte du peuple sahraoui pour son autodétermination restera à jamais gravé dans sa mémoire collective», a affirmé le Premier ministre sahraoui.