Le tribunal criminel a eu à traiter, hier, une affaire relative à un réseau spécialisé dans le trafic de cuivre et de déchets ferreux, composé d'une dizaine de membres, parmi lesquels figurent des commissaires priseurs. Un nombre important de sociétés nationales et privées a été victime des agissements frauduleux de cette bande organisée. Selon l'arrêt de renvoi, le préjudice financier est estimé à plus de 70 milliards de centimes. Algérie Télécom déplore à elle seule une perte de plus de 26 milliards de centimes, équivalente à plus de 72 tonnes de câbles téléphoniques. L'enquête déclenchée début septembre 2006 par la gendarmerie nationale a abouti à l'identification et à la localisation d'un membre très actif de ce réseau, B.A. en l'occurrence, chauffeur de camion, qui disposait d'une aire de stockage au niveau du port d'Oran. Lors de la perquisition, les enquêteurs de la gendarmerie ont découvert 20 conteneurs pleins de cuivre, dont la valeur marchande est estimée à plusieurs dizaines de milliards de centimes, des factures falsifiées et des PV de vente altérés et attestés, portant les griffes des commissaires priseurs impliqués dans cette affaire. Poursuivant leurs investigations, les gendarmes ont localisé un autre entrepôt dans la localité de Bendaoud, dans la région est d'Oran, où ils ont mis la main sur une autre importante quantité de câbles téléphoniques de 1 et 2 mètres de long, d'un lot de câbles électriques de haute tension, de plus de 11 tonnes de cuivre, des engins ainsi que du matériel utilisé pour les besoins de ce trafic. Hier en se relayant à la barre, les présumés accusés B.A., H.A. et B.Y., essentiellement des chauffeurs de camions et des préposés à la pesée, ont fait endosser la responsabilité à leurs employeurs, actuellement en fuite, en déclarant en substance qu'ils « n'ont fait qu'exécuter des instructions et ignoraient tout de ce trafic ». L'avocate de la partie civile d'Algérie Télécom a mis en évidence dans sa plaidoirie « l'énorme préjudice financier causé à l'économie nationale par les agissements frauduleux de ce réseau ». Le représentant du ministère public a également abondé dans ce sens avant de conclure en requérant une peine de 8 années de réclusion criminelle pour chaque accusé. Les avocats de la défense ont plaidé non coupable et ont demandé le bénéfice de l'acquittement en faveur de leurs mandants respectifs.