Réalisé par le député populiste hollandais Geert Wilders, le film Fitna est depuis jeudi soir sur la toilel Provocateur, il assimile l'Islam au fascisme et les Pays-Bas redoutent une nouvelle crise avec le monde arabe. Paris. De notre bureau Depuis jeudi, le film Fitna (discorde et division) est en ligne sur le net. Il a été réalisé par le député extrémiste hollandais Geert Wilders, 44 ans, pour critiquer « le caractère fasciste de l'islam ». Le film est un court métrage de 17 minutes. Il mêle notamment des images violentes d'attentats terroristes survenus à Madrid (Espagne) et à New York (USA), des exécutions sommaires réalisées dans des pays musulmans ainsi que la lecture de textes coraniques « justifiant » la violence et les punitions exemplaires pour les gens qui ne sont pas musulmans. A peine sorti que les réactions ont commencé à pleuvoir un peu partout en Europe. De nombreuses associations belges de défense des droits de l'homme ont indiqué que ce film ne porte pas vraiment sur la liberté d'expression, mais sur la « haine de l'étranger ». Elles ont demandé de mettre un terme à ce qu'elles appellent « la haine croissante contre les musulmans » en Europe. « Nous savons où la haine des juifs et l'antisémitisme ont conduit », a commenté pour sa part la Fédération des associations marocaines et turques qui regroupent de nombreuses personnes en leur sein en Belgique et en Hollande. Elles craignent que ce film n'engendre de nouveau « une nouvelle vague d'islamophobie et perturbe le calme social et communautaire qui règne dans les pays d'Europe ». Elles ont également appelé les musulmans à réagir « sereinement et dignement », allusion faite aux réactions violentes qui ont suivi la publication des caricatures relatives au Prophète Mohamed au Danemark. Avant la sortie de Fitna sur la toile, le gouvernement néerlandais a tenté à plusieurs reprises de convaincre son auteur de renoncer à son projet, redoutant de subir les foudres des pays musulmans, notamment l'Arabie Saoudite et l'Iran. Mais M. Wilders a refusé. Par ailleurs, un tribunal hollandais devait statuer hier (vendredi) sur un référé déposé par une association musulmane visant à interdire ce petit métrage. Mais le mal est fait, ont indiqué certains représentants d'associations religieuses dans le monde arabe. L'Iran et l'Egypte ont déjà exprimé leur indignation quant à ce projet. Ils ont même menacé les Pays-Bas de boycott économique. Pour leur part, les talibans ont menacé de s'en prendre aux 1600 soldats hollandais déployés en Afghanistan dans le cadre de la Force internationale d'assistance à la sécurité (ISAF) si le film était diffusé. Hier, ils ont annoncé qu'ils allaient passer à l'action. En revanche, des responsables de la communauté musulmane aux Pays-Bas ont lancé hier des appels au calme et à la responsabilité en direction des pays musulmans. « Nous voulons faire savoir à nos frères musulmans à l'étranger que nous sommes les mieux placés pour analyser les Pays-Bas et analyser Wilders et savoir comment réagir à la situation », a déclaré le président du Conseil national des Marocains, Mohamed Rabbae, lors d'une conférence de presse dans une mosquée d'Amsterdam. « Nous appelons (la communauté musulmane internationale) à suivre notre stratégie et à ne pas réagir par des attaques contre des ambassades ou des touristes néerlandais », a poursuivi M. Rabbae s'adressant à « la presse internationale en particulier ». « Causer du tort aux Pays-Bas, c'est nous causer du tort. Nous demandons aux mosquées de conseiller le calme », malgré « l'offense que constitue le lien entre la violence et l'islam », a-t-il ajouté. « Nous connaissons le bonhomme (Geert Wilders) : la meilleure réponse est une réponse responsable », a encore déclaré M. Rabbae. Il a fait cette déclaration lors d'une conférence de presse avec d'autres responsables musulmans et des imams dans la mosquée Elouma, à Slotervaart. A rappeler qu'après l'assassinat en novembre 2004 du réalisateur de cinéma Theo Van Gogh par un islamiste radical, le député Geert wilders vit désormais sous protection policière. Craignant pour sa vie, il a mis également son gouvernement dans un grand embarras diplomatique.