Les Pays-Bas qui redoutaient hier les réactions dans les pays musulmans, au lendemain de la diffusion du film anti-islam d'un député d'extrême droite, n'ont pas tardé à voir les premières condamnations tomber. Fitna, court-métrage mis en ligne jeudi soir sur Internet par le député Geert Wilders, a d'abord fait réagir l'Iran qui a vu dans le film une “action répugnante”, qui “démontre la poursuite d'une vendetta de la part de citoyens occidentaux contre l'islam et les musulmans”. En Jordanie, des responsables de médias ont annoncé qu'ils allaient poursuivre Wilders devant la justice jordanienne et commencer une campagne de boycott de produits néerlandais. Pour rappel, dès l'annonce du projet en novembre, des pays musulmans comme l'Iran ou l'Egypte s'étaient indignés, menaçant les Pays-Bas d'un boycott économique. Le gouvernement du Bangladesh a condamné “dans des termes plus forts” le film qu'il considère comme un “acte totalement insensé et complètement injustifié qui peut avoir de graves conséquences (...) parce qu'il va offenser des millions de musulmans dans le monde”. Fin février, les talibans ont menacé d'attaquer les quelque 1 660 soldats néerlandais déployés en Afghanistan dans le cadre de la Force internationale d'assistance à la sécurité (Isaf) si ce “film insultant” était diffusé. En Europe, La présidence slovène de l'Union européenne a déploré, comme le gouvernement néerlandais, la diffusion sur Internet du film amalgamant terrorisme et islam, estimant qu'il ne faisait qu'“inciter à la haine”. Le secrétaire général du Conseil de l'Europe a rejeté hier “l'image déformée et offensante de l'islam” véhiculée par le court-métrage du responsable politique néerlandais d'extrême droite Geert Wilders. Il ne fait aucun doute que cette œuvre d'un extrémiste hollandais n'aura pour incidence que de jeter de l'huile sur le feu dans une conjoncture marquée par une succession de provocations en direction des musulmans, avec, notamment, la publication des caricatures danoises. À cela est venue s'ajouter, hier, la programmation d'une adaptation théâtrale des Versets sataniques de Salman Rushdie, dont la première mondiale doit avoir lieu demain dans un théâtre proche de Berlin. Cela a fait réagir une importante association musulmane allemande, qui a estimé qu'il était “regrettable” que “les sentiments religieux des musulmans soient traités de manière si provocatrice”. La provocation appelant la violence, il n'est pas exclu que des manifestations, voire des scènes de violence soient enregistrées. K. ABDELKAMEL/Agences