Les travaux du 11e congrès national de l'UGTA se sont poursuivis hier sur fond de contestation. L'absence de débat et la création d'un poste de secrétaire national adjoint ont suscité nombre d'interrogations. Le mécontentement de certains congressistes était hier palpable du fait qu'ils ont quitté carrément la salle de conférence. En effet, les membres de la délégation de Béjaïa se sont retirés du congrès pour ne pas cautionner ce qu'ils qualifient de « mascarade ». « Un congrès où les ministres et les invités parlent plus que les congressistes, ce n'est pas normal. Il n'y a eu aucun débat. Et sur les 1000 congressistes, seuls 10 ont pris la parole et ce, pour une durée de cinq minutes, alors que le ministre du Travail a fait un discours de plus de deux heures », a soutenu un membre de la délégation qui a tenu à dénoncer ces pratiques antidémocratiques. De l'avis de ces congressistes, l'absence d'un débat, d'une plateforme de revendications et de perspectives relève de la répression syndicale. « Le congrès est ficelé, le jeu est fermé et les gens ont été désignés et non élus. Ceci est regrettable pour une organisation qui plaide pour la promotion du travailleur », ont observé les protestataires. Ces derniers estiment qu'ils sont comptables devant leur base puisqu'ils ont été mandatés pour porter leurs doléances et faire part de leurs revendications lors de ce congrès, censé être une tribune d'expression. « Comme ils ont refusé de nous donner la parole, nous n'avons rien à faire ici. Nous rentrons chez nous. Toutefois, l'UGTA appartient aux travailleurs, et par conséquent, nous continuerons à militer de l'intérieur pour un syndicat démocratique. » Dans les coulisses de l'hôtel El Aurassi, les congressistes spéculent autour d'un seul amendement pourtant approuvé par eux-mêmes quelques minutes auparavant. Il s'agit de la création du poste de secrétaire général adjoint attribué à Salah Djenouhat, lequel était responsable de l'organique. Ce point a été adopté par la majorité écrasante des congressistes à l'instar de l'amendement portant sur l'élargissement de la composante de la commission exécutive nationale (CEN) de l'UGTA qui est passée de 181 membres à 271. La commission chargée du projet du statut général et de la motion organique, présidée par Salah Adjabi, a justifié ces amendements par l'adaptation des structures de l'UGTA aux nouveautés constatées sur le plan organique des organisations syndicales internationales. Ainsi, la CEN voit sa composante élargie d'office aux secrétaires généraux de wilaya de l'UGTA, aux membres du secrétariat national et aux présidents des commissions nationales de la femme et de la jeunesse. Des sièges au sein de la CEN, dont le nombre sera arrêté par la commission électorale, seront réservés aux femmes syndicalistes ainsi qu'aux retraités. Parmi les nouveautés contenues dans le statut général de l'UGTA, il y a lieu de citer l'ouverture de la centrale syndicale aux travailleurs étrangers résidant en Algérie et désireux créer des sections syndicales dans leurs entreprises respectives, et l'ouverture de l'UGTA aux syndicats autonomes. A relever, en outre, que le rapport de la commission financière a été également adopté à la majorité écrasante. Pour ce qui est du poste de secrétaire général adjoint, d'aucuns estiment que celui-ci risque de bouleverser la donne au sein de cette organisation. « Un poste d'adjoint pour gérer les affaires de la centrale lorsque son premier responsable est absent est-il une nécessité ? » se sont interrogés certains congressistes qui n'arrivent pas à comprendre le fait de l'avoir attribué à un homme du centre sachant pertinemment que cela se répercutera sur ce qu'ils appellent « l'équilibre régional ». Enfin, les syndicalistes avertis sont persuadés qu'une telle démarche répond à une stratégie bien calculée visant la tête du nouveau chef de file de l'UGTA... Par ailleurs, le rapport du comité de travail, adopté par les participants, met l'accent non pas sur la lutte contre la privatisation des entreprises, mais plutôt sur l'importance de préserver les emplois dans les entreprises qui seront privatisées ainsi que le droit à l'activité syndicale au sein de ces sociétés. Le document fait aussi référence à la nécessité d'assainir les entreprises publiques qui souffrent de problèmes financiers jusqu'à ce qu'elles puissent remettre à niveau leurs capacités et reprendre leur activité de production avec plus d'efficacité. D'autre part, le comité a mis en exergue l'importance d'élargir l'opération de soutien matériel qu'offre le Fonds de péréquation des œuvres sociales des travailleurs pour englober les cadres, ainsi que la nécessité d'œuvrer à la préservation et à l'amélioration du pouvoir d'achat des travailleurs par l'augmentation de la production dans différents domaines. Aujourd'hui, les membres de la commission exécutive éliront le secrétaire général de la centrale et les 13 membres du secrétariat national. Les congressistes renouvelleront leur confiance, sans aucune surprise, à Abdelmadjid Sidi Saïd.