La colère des habitants de l'avenue Abdelmalek Kitouni était à son paroxysme, hier, suite à la mort du jeune AmineB., âgé de 5ans, fauché par un bus de marque Tata, dimanche dernier. C'est aux environs de 19h, juste après la prière de d'el Icha que des jeunes ont fermé la route reliant le centre-ville à la cité des Martyrs, avant d'être dispersés par les services de l'ordre. Le mouvement de protestation a repris de plus belle tôt dans la matinée d'hier, lorsque les gens du quartier ont de nouveau barré la route, juste à proximité de la mosquée Bachir El Ibrahimi, lieu du drame, usant d'un dévidoir destiné à la collecte des déchets ménagers, de pierres, de pneus et autres objets hétéroclites. A 9h, des pourparlers seront engagés par le chef de daïra, Tahar Benamara, avec les représentants des habitants du quartier en présence des éléments de la sûreté de wilaya. Toutes les tentatives pour convaincre les protestataires d'ouvrir l'accès principal aux voitures, avant d'entamer toute négociation avec les autorités de la ville, ont été vaines. « Nous réclamons l'intervention personnelle du wali de Constantine pour interdire le passage de tous les bus Tata par l'avenue Kitouni ; c'est notre unique condition pour libérer la route », exigent les gens du quartier, en majorité des parents et des proches des victimes des accidents survenus dans cette artère stratégique de la ville, ayant eu pour origine les tristement célèbres bus que tout le monde pointe d'un doigt accusateur. Sur le mur d'une maison, à quelques pas seulement des lieux du drame, les noms des morts ont été inscrits sur une grande affiche. « Après Mohamed, 20 ans, Azzedine, 23 ans, Achraf, 10 ans, Charaf, 5 ans, Youcef, 9 ans, Slimane Larbi, 11 ans, Chouaïb, 10 ans, Khadidja, 8 ans et enfin Amine, 5 ans, à qui sera le tour ? » s'interrogent les citoyens de Kitouni, qui craingnent pour la vie de leurs enfants. « Toutes les promesses des autorités pour un contrôle rigoureux des transporteurs sont restées vaines, car ces derniers se comportent comme des fous sur la route, en toute impunité », ont-ils déclaré au chef de daïra, démontrant, photos à l'appui, les dépassements dangereux et autres manœuvres à haut risque des chauffeurs des bus Tata, lesquels n'hésitent pas à « doubler » en plein virage. Une véritable anarchie qui dure depuis des années face au laxisme des services concernés, alors que des chauffeurs irresponsables prennent le volant pour mettre la vie des gens en péril. Malgré les appels à la sagesse lancés hier par le chef de daïra, les habitants des quartiers limitrophes à l'avenue Kitouni sont décidés à aller jusqu'au bout de leurs revendications. Le climat de tension était toujours perceptible après l'enterrement du petit Amine, marqué par la présence d'une foule nombreuse. Le dossier épineux des bus Tata, qui surgit encore une fois après une accalmie qui n'aura duré que quelques mois, nécessite une décision urgente avant que les choses ne virent vers l'irréparable.