Une commission composée de fonctionnaires de la DSP procède à l'ouverture des plis et porte son choix sur l'entreprise ECOBAT qui rafle 6 lots sur 8. « Il est encore temps de reprendre le projet sur des bases rationnelles », estime le patron du groupe Hasnaoui au lendemain du point de presse organisé par la direction de la Santé (DSP) afin de « clarifier » certains points en rapport avec le projet du centre anticancéreux. Evalué à quelque 130 milliards de centimes, uniquement pour la partie grands œuvres, le marché du futur établissement hospitalier spécialisé (EHS) pour les cancéreux est au cœur d'une polémique qui va en s'amplifiant. A la tête d'un groupement d'entreprises spécialisées dans le bâtiment, Hasnaoui Brahim a contesté, début janvier, la procédure d'attribution du marché partagé en huit lots. La commission des marchés décide alors d'annuler l'avis d'appel d'offres après un premier recours introduit en octobre dernier. Quelques semaines après, l'opération de sélection des entreprises de réalisation est relancée. Résultat : une commission composée de fonctionnaires de la DSP procède à l'ouverture des plis et porte son choix sur l'entreprise ECOBAT qui rafle 6 lots sur 8. L'ECOBAT a été retenue pour son offre « moins disante », soutient un responsable de la DSP. « Les soumissionnaires avaient 15 jours pour formuler leur offre, c'est de la folie ! », s'emporte Hasnaoui. Griefs Son second recours et rejeté sans motif, signale-t-il. Et de s'interroger : « Est-ce que les personnes qui ont fait ce choix ont la compétence d'apporter un jugement correct s'agissant d'un projet de cette envergure ? » Pour le premier responsable de la wilaya, le morcellement du marché obéissait au souci de réduire les délais de réalisation. Questionné au sujet des recours formulés par l'entreprise Hasnaoui, le wali, Mokhtar Bentabet, a eu ces mots : « A partir du moment où il (Hasnaoui) a accepté les règles du jeu, il est donc tenu d'admettre le résultat ». « Les responsables de l'ECOBAT préfèrent pour le moment ne pas se prononcer sur cette affaire », nous a déclaré un entrepreneur proche du directeur de l'entreprise. Dans le fond, le patron du Groupe Hasnaoui lève, en fait, une partie du voile qui recouvre le fonctionnement du comité des marchés. « Il fallait, dés le départ, opter pour un avis d'appel d'offres international et exiger des soumissionnaires d'organiser un système de transfert de savoir-faire », dit-il. Selon lui, l'administration a préféré scinder le projet en plusieurs lots pour éviter qu'il ne passe devant la commission nationale des marchés. « Au niveau central, les dossiers des soumissionnaires sont minutieusement étudiés », fait-il remarquer. Un marché public dont le montant dépasse les 25 milliards de centimes doit impérativement passer par la commission nationale. Le morcellement des grands projets est une « astuce » qui permet d'éviter un examen plus pointu des dossiers des entreprises postulantes pour la réalisation de projets publics. « Pourtant, accepter de travailler dans la transparence est incontestablement un gage d'efficacité et de réussite », martèle notre vis-à-vis. A ce propos, il revient sur la nécessité d'affiner les études de réalisation lorsqu'il s'agit de structures spécifiques, à l'image du centre anticancéreux. A cet égard, l'assistance à maîtrise d'ouvrage (AMO) est incontournable, dit-il. « Il y va de la qualité de l'expertise nationale et de l'intérêt du projet », conclut-il.