Dispersé sur les deux flancs d'une double voie express marquée par une pente à 10%, qualifiée par les Constantinois de descente de la mort, en raison des carnages perpétrés à plusieurs reprises par des poids lourds dont les freins étaient défaillants, le secteur urbain Boudraâ Salah se distingue, entre autres caractéristiques, par l'anarchie et la vétusté de son parc logements qui compte, selon des statistiques datant de 1998, quelque 8929 habitations dont plus de 50% d'entre elles sont des constructions illicites réparties sur une dizaine de sites. Perdu en mont et vallée, il est situé à l'Ouest du Vieux Rocher, au nord de la commune de Hama Bouziane, au sud du secteur urbain de Bellevue et à l'ouest de la commune d'Ibn Ziad, ce site d'une superficie de 475 ha compte, par ailleurs, d'après un recensement effectué cet été, 13 sites de bidonvilles totalisant 159 gourbis. Quant au parc de logement agréé et viabilisé par les pouvoirs publics, il compte à peine quelques immeubles, 6 lotissements et trois sites préfabriqués comptant 1454 chalets, le tout se trouvant également dans un état de délabrement avancé. A eux seuls, ces quelques chiffres représentent autant d'indices de précarité d'une poche de pauvreté et de zone de non-droit où le mouvement associatif mène un combat de tous les instants pour réclamer des actions de réhabilitation à tous les niveaux de l'activité et de la vie sociale. Un combat perdu d'avance, affirment des « militants » de la première heure qui continuent cependant à privilégier le dialogue aux opérations coup-de-poing qui « n'ont rien réglé, malgré la violence de certaines d'entre elles », dira l'un d'eux. Sans langue de bois ni faux fuyants, le délégué communal en charge de cette « poudrière », dressera, pour sa part, un constat objectif des innombrables carences dont souffrent les habitants du secteur Boudraâ Salah. Il évoquera, en premier lieu, l'inexistence d'infrastructures sportives et culturelles susceptibles d'amortir les effets pervers d'une oisiveté et d'un mal-vivre qui font, chaque jour, de plus en plus de victimes au sein des jeunes du secteur, l'absence d'un lycée ou d'un CFPA, ce qui oblige ceux qui ont la chance d'être encore scolarisés de traverser une route meurtrière et à faire plusieurs kilomètres de se rendre à leur établissement. Ce dernier abordera également le problème crucial du chômage dont souffre une grande majorité des jeunes, qu'ils soient issus de sites précaires ou non. Ces derniers étant tous affectés par les mêmes maux. Le représentant de l'APC mettra aussi en exergue les graves problèmes d'assainissement et l'absence totale de sécurité caractérisant l'ensemble des sites des bidonvilles répartis à travers le secteur urbain Boudraâ Salah, l'effectif réduit des forces de sécurité affectées à l'unique poste de police implanté dans cette zone aussi vaste qu'imprévisible, non seulement au regard des dangers d'une délinquance à plusieurs vitesses et régie par le trafic de stupéfiants mais aussi par rapport aux graves menaces de glissement de terrain qui pèsent sur cette zone « particulièrement, précise notre interlocuteur, en aval du secteur, à savoir sur le terrain Benchergui, le lotissement Sotraco, la cité Benchergui et tous les sites qui longent la voie de circulation principale. » La vétusté du réseau d'AEP constitue, à lui seul, un véritable casse-tête chinois pour le gestionnaire communal de ce secteur où, nous dit-il, les fuites d'eau ne se comptent plus, ce qui pourrait favoriser, selon lui, l'aggravation du phénomène des glissements de terrain affectant ce secteur. Il pointera également du doigt l'absence d'un quelconque avaloir au niveau de la voie express et des sites illicites où, par ailleurs, il n'existe aucun déversoir ni de réseaux d'assainissement qui répondent à une norme réglementaire. Côté jardin, on évoque l'inscription de plusieurs projets, et ce suite à une série de réunions tenues avec le mouvement associatif du secteur. Entre autres, l'aménagement d'un réseau AEP à la cité Djebbas, la mise en place de l'éclairage public à la cité Benchergui, l'aménagement d'un axe routier reliant le lotissement Zaouche à la cité Boudraâ Salah, un réseau d'assainissement à la cité Benchergui, le goudronnage des voies de circulation de la cité El Hattabia. Reste quelques projets qui ont été soumis à l'approbation de la tutelle communale, à savoir la création d'avaloirs sur la voie express et à l'intérieur de plusieurs cités du secteur où la réalisation de réseaux d'assainissement serait également à l'ordre du jour. Mais, a-t-on demandé l'avis de jeunes sur leurs besoins propres et en l'occurrence l'aménagement d'infrastructures culturelles, sportives et de loisirs ? Assurément, non ! Et pourtant, c'est là également où réside l'un des problèmes les plus cruciaux auxquels est confronté la population de ce secteur dit urbain, banalisé également dans sa précarité par une urbanisation parmi les plus anarchiques du tissu urbain constantinois.