Pour les habitués des axes routiers de la wilaya de Constantine, on ne présente pas la descente d'El Ménia, située sur la RN 27, traversant le versant ouest de la ville du Vieux Rocher à partir de l'intersection de la cité du 5 Juillet 1962 jusqu'aux frontières de la commune de Hamma Bouziane. La route d'El Ménia, en référence à la cité populeuse érigée depuis des décennies sur le flanc droit, connue jadis pour ses jardins fruitiers avant de connaître une extension anarchique de l'urbanisme, est une descente raide sur près de deux kilomètres et qui demeure une dure épreuve pour les automobilistes, surtout les poids lourds. Depuis des décennies, ce tronçon n'a cessé d'emporter des dizaines de vies humaines pour des raisons qui restent liées souvent à la négligence humaine. L'excès de vitesse, le non-respect de la priorité de passage, le dépassement dangereux sont souvent à l'origine des nombreux accidents enregistrés sur les lieux quotidiennement. A cela il faudra ajouter les défaillances mécaniques touchant généralement le système de freinage. Alors qu'on n'a cessé de déplorer les pertes humaines et les dégâts matériels, nombreux ont été les plans programmés pour contourner cette voie meurtrière et qui finiront par un l'échec. Un premier projet, prévu il y a une dizaine d'années, envisageait déjà d'ouvrir un passage pour relier cette zone à la cité Boussouf pour rejoindre la RN5. Finalement, l'idée sera abandonnée en raison de l'état du terrain, qualifié de glissant et dont le coût nécessaire pour le renforcement serait imaginaire. Le fameux contournement de la ville, qui fait partie du tronçon de l'autoroute Est-Ouest passant par le territoire de la wilaya de Constantine, devra résoudre le problème en assurant une liaison directe entre la commune de Didouche Mourad et celle de Aïn S'mara et permettra ainsi de soulager les poids lourds. Un projet qui connaît déjà des retards considérables et reste tributaire du règlement des litiges entre la direction des travaux publics et les propriétaires terriens expropriés. En attendant, la descente d'El Ménia continue d'être un lieu macabre où, faute de ralentisseurs, les riverains aussi ne sont pas épargnés. La mort, l'été dernier, d'une énième victime de ce tronçon a provoqué la colère des habitants. Une grogne qui a vite tourné à l'émeute.