Plusieurs manifestations ont eu lieu hier après-midi à Paris et dans plusieurs villes de province à l'appel d'associations de soutien aux sans-papiers pour dénoncer la politique d'éloignement conduite par le ministre Brice Hortefeux. Paris. De notre bureau Ces manifestations sont intervenues au lendemain de la mort d'un jeune Malien poursuivi par les forces de police. Le Parti socialiste a dénoncé hier le « climat de terreur » que fait, selon lui, régner le gouvernement envers les sans-papiers. Pour sa part, Pierre Henry, directeur général de France Terre d'Asile, a appelé « solennellement » vendredi soir le gouvernement à un « moratoire sur la politique d'éloignement ». Un homme de 29 ans, d'origine malienne, s'est jeté dans la Marne, vendredi, pour échapper à un contrôle de police. L'homme avait été interpellé vers 14h30 par la brigade anticriminalité après avoir passé les portiques du RER sans avoir validé son titre de transport. Sous le coup d'un arrêté de reconduite à la frontière, il avait pris la fuite quand les policiers ont voulu vérifier dans leur fichier s'il était recherché, a-t-on indiqué de source policière. Les agents l'ont poursuivi sur environ 400 m avant qu'il ne se jette depuis le quai dans la Marne. Les pompiers ont recueilli l'homme inconscient et l'ont transporté à l'hôpital de Lariboisière à Paris, où il est décédé dans l'après-midi, selon la même source. Une enquête a été confiée à l'Inspection générale des services (IGS, « la police des polices »). « Depuis que le gouvernement a décidé de pratiquer une absurde politique du chiffre, les drames humains frappant les sans-papiers se multiplient », écrit dans un communiqué le secrétaire national du Parti socialiste à l'égalité et à la diversité, Faouzi Lamdaoui. Il a estimé que « la politique de Brice Hortefeux ne permet en rien de réguler humainement l'immigration mais fait peser un climat de terreur sur les immigrés et leurs familles présents dans notre pays ». Le directeur général de France Terre d'Asile, Pierre Henry, a de son côté appelé « solennellement » le gouvernement à un « moratoire sur la politique d'éloignement ». Répondant à l'appel du réseau éducation sans frontières (RESF) et du collectif UniEs contre une immigration jetable, une manifestation nationale a eu lieu hier après-midi à Paris, au départ de la place d'Italie, prolongée par d'autres manifestations à Lille, Marseille, Lyon, Toulouse, Montpellier, Aurillac… pour protester contre « cette politique du chiffre qui génère tant d'angoisse et provoque tant de drames ». « Non à la xénophobie d'Etat et à ses conséquences meurtrières ! », dénoncent RESF et le collectif UniEs contre une immigration jetable dans un communiqué. « Quelles que soient notre origine, notre nationalité, notre couleur de peau, avec ou sans papiers, la xénophobie d'Etat tue les droits de tous », affirment encore RESF et UCIJ qui exigent « l'arrêt de la chasse aux sans-papiers, l'arrêt des expulsions et la fermeture des centres de rétention… la régularisation de tous les sans-papiers, l'accès pour tous à la carte de 10 ans… une politique d'accueil des étrangers leur permettant de vivre dignement en France… ». Cet appel a été relayé par la coordination nationale des sans-papiers qui demande aussi, au plan européen, « l'abandon de la décision d'allongement à 18 mois de la rétention ; l'arrêt de l'externalisation qui fait des pays africains des prisons à ciel ouvert ; l'annulation de cette guerre non déclarée à la jeunesse africaine ; l'abrogation de l'Europe forteresse ; l'égalité des droits entre les humains et les peuples ». Les associations issues de l'immigration (ASIIM) se sont également jointes aux manifestants pour dénoncer « le racisme d'Etat qui a fait le choix d'une immigration blanche et chrétienne au nom de la préférence communautaire, au détriment des milliers de travailleurs extracommunautaires ».