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Un phénomène très en vogue
Sculptures capillaires africaines
Publié dans El Watan le 10 - 04 - 2008

Par définition, les tresses se coiffent de telle sorte à entrelacer des mèches de plus ou moins grosse épaisseur. Dans un passé récent, les femmes africaines se plaisaient à faire de la coiffure, un exercice de style, voire une œuvre d'art.
Les cheveux naturels africains ont cette particularité de pouvoir être « sculptés » ou encore travaillés de façon élaborée : ces derniers conservent aisément la forme donnée. Le temps est révolu aujourd'hui, de croiser une Africaine parée de ses tresses aux lignes compliquées et ornées de perles. Il est évident que le cheveu a de tout temps constitué un élément primordial dans l'esthétique africaine. Les connaisseurs considèrent le cheveu comme une parure en soi. Il est perçu comme un signe de reconnaissance ethnique, un marqueur de différence entre les tranches d'âge, entre les jeunes filles et les femmes. Certains considèrent que la coiffure est comme un élément artistique et identitaire. A titre d'exemple, au Mali, la coiffure a d'abord été un élément d'identification culturelle et sociale. Dans certaines communautés, comme chez les Peuhls, c'était aux esclaves et aux gens de castes que revenait l'honneur de tresser les femmes nobles. Au niveau des contrées de Khaso, Macina ou encore Bwatu, chaque coiffure avait une signification précise. Il existe de nombreuses coiffes correspondant à des étapes de la vie, en l'occurrence à la naissance, l'initiation, le mariage et le deuil. Chaque pays de l'Afrique sub-saharienne a su créer son propre style, utilisant divers matériaux, tels l'argile, le karité, la laine, le raphia, le fil d'or, les coquillages et les perles. Les cheveux ont toujours fait l'objet de nombreux soins. Ils peuvent être enduits de graisse animale mêlée d'une teinture ou d'une pâte végétale qui a pour but principal, indépendamment de son côté esthétique, de protéger la tête des parasites. Ces coiffures stylisées, bien que diverses et variées, obéissent souvent à des règles de base communes. C'est du moins ce qu'explique un coiffeur. Les tresses se réalisent d'abord au moyen d'un large peigne de bois sculpté, à grandes et épaisses dents, pour « ouvrir » la chevelure en une masse souple. Celle-ci est alors divisée en parties régulières qui font chacune l'objet d'un travail particulier. C'est vraisemblablement pour faciliter les soins de leurs cheveux que les femmes africaines ont eu recours à la méthode du tressage depuis la nuit des temps. Il y a le tressage longitudinal, vertical ou latéral, la constitution de petites boules érigées en soleil sur la tête et dont le bas est enroulé de fils à coudre noirs. A partir des années 1970, les techniques de tressage se sont diffusées au sein de la diaspora africaine, mais ce n'est que durant les années 1990 qu'elles ont connu une véritable popularité, notamment avec des chanteuses comme Brandy. Désormais, les salons de coiffure afro-américains spécialisés dans les « braids » pullulent aux Etats-Unis. Les nattes africaines, pour leur part, ont gardé tout leur prestige. De nos jours, cet art du coiffage se perd au profit des défrisants et du babyliss. Des photographes, à l'image du Nigérian Okhai Ojeikere ont pris le soin d'immortaliser cette pratique esthétique ancestrale.

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