Le risque est bien réel car rien ni personne n'entre ou ne sort de la bande de Ghaza, transformée en immense prison. Ghaza. De notre correspondant De jour en jour, l'étau se resserre de plus en plus autour de la bande de Ghaza et de ses 1,5 million d'habitants. L'embargo impose à ce minuscule territoire de 360 km2 où la densité de population est la plus forte au monde fait des ravages. Le citoyen habitant cette enclave, sans issues depuis la fermeture de l'ensemble des terminaux qui la séparent du territoire israélien et de l'Egypte au sud, se sent carrément broyé par les événements qui s'y succèdent. L'embargo comme punition collective contre les territoires palestiniens, et surtout contre la bande de Ghaza, a toujours été le moyen préféré des différents gouvernements israéliens qui se sont succédé depuis 1994, année où l'Autorité palestinienne a vu le jour, suite aux accords d'Oslo conclus entre l'Organisation de libération de la palestine (OLP) et le gouvernement israélien de l'époque, mais il ne s'étalait jamais sur une période aussi longue. Israël bloque totalement la bande de Ghaza depuis la mi-juin 2007, date à laquelle a été opéré un grand chamboulement avec son contrôle par la force par le mouvement islamiste Hamas. Ce mouvement, qui ne reconnaît pas l'état hébreu et refuse tous les plans visant à trouver une solution au conflit du Proche-Orient, se voit aujourd'hui tellement isolé qu'il a commencé depuis quelques jours, à travers ses médias, à préparer l'opinion publique à une nouvelle tentative de démolition d'une partie du mur séparant la bande de Ghaza de l'Egypte. Le 23 janvier, le Hamas avait fait sauter à l'explosif quelques portions de ce mur, ce qui a permis à des centaines de milliers de Palestiniens de se ruer vers le territoire égyptien. Le gouvernement égyptien, qui semblait dépassé par les événements, promet, cette fois, une grande fermeté contre toute personne qui essaye de franchir illégalement la frontière. De ce fait, la tension est très forte. Le Hamas, qui se sent acculé au pied du mur, semble décidé à détruire une nouvelle fois le mur qui sert de ligne de frontière et le gouvernement égyptien qui fait face à des mouvements de protestation de ses propres citoyens à cause de difficultés économiques, semble, quant à lui, décidé à user de gros moyens pour empêcher le scénario du mois de Janvier. Environ 1200 membres des forces de sécurité se sont déployés dans la ville d'El Aârich, proche du territoire palestinien, ont indiqué des sources proches de la sécurité. Le ministère égyptien des Affaires étrangères a, toutefois, prévenu dans un communiqué que toute tentative « d'enfreindre l'inviolabilité de la frontière égyptienne serait accueillie avec le sérieux et la fermeté appropriés ». Les forces égyptiennes se sont déployées le long des routes menant à la frontière et ils ont renforcé les murs et les grandes palissades de tôles qui séparent les deux territoires. Les propos de Sami Abou Zohri, porte-parole du Hamas tentant de nuancer les déclarations de certains responsables du Hamas quant au franchissement par la force de la frontière, n'ont pas baisse d'un iota cette grande tension. Israël, de son côté, a menacé, jeudi, de mener de grandes actions armées contre le mouvement islamiste Hamas, au lendemain d'une opération commando palestinienne contre le terminal de Nahal Oz, où deux Israéliens ont été tués. Suite à cette attaque, plusieurs raids aériens, en différents endroits et une incursion limitée au centre de la bande de Ghaza, ont fait 10 morts et plusieurs blessés, dont des civils et des enfants. Israël a arrêté l'approvisionnement de la bande de Ghaza en carburant. Ce produit, qui manque énormément à Ghaza, pourrait disparaître complètement du marché, ce qui mettra en péril des secteurs entiers comme celui des transports, des institutions sanitaires, de l'hydraulique, de la station d'électricité. Aujourd'hui, à Ghaza, alors que les islamistes du Hamas font la sourde oreille aux appels du président Abbas à un retour à la normale dans les relations interpalestiniennes, au prix d'un retour de ces derniers à la situation d'avant le putsch armé du mois de juin, la détérioration des conditions de vie n'a jamais été égalée. Toute une population est prise au piège sans aucun espoir à l'horizon de pouvoir s'en libérer.