« Avec 30 000 DA, nous sommes en dessous du seuil de pauvreté ». Malgré les pressions exercées sur eux, les fonctionnaires, estiment leurs représentants, ont adhéré massivement au mot d'ordre de grève. La grève a touché tous les secteurs », se félicitent les représentants de l'intersyndicale autonome de la Fonction publique. S'exprimant lors d'un point de presse animé hier à Alger pour évaluer la première journée du débrayage auquel ont appelé les 20 syndicats autonomes de la Fonction publique, Ali Lemdani, chargé de communication du Cnapest, Rachid Malaoui, secrétaire général du Snapap, et Salem Sadali, secrétaire général du Satef, se sont montrés enthousiastes. La réussite de la première action commune des syndicats autonomes (tous secteurs confondus) leur a fait oublier, semble-t-il, les pressions en tous genres qu'exerce le gouvernement sur les fonctionnaires. Les termes « renaissance syndicale », « maturité » et « conscience syndicale » ont été employés par les représentants des huit syndicats regroupés dans l'intersyndicale pour qualifier l'adhésion « massive » des travailleurs au mot d'ordre de grève. « Il y a une mobilisation nationale qui démontre le début de l'installation de la conscience syndicale en Algérie », lance Ali Lemdani, en précisant que « cette dynamique » est synonyme de la démarcation des travailleurs du gouvernement et de son syndicat unique. « Malgré la campagne de déstabilisation et de dénigrement menée par les autorités à travers l'administration, la réponse est venue aujourd'hui sur le terrain. Ils ont affaire à des syndicats libres », enchaîne-t-il. Le chargé de communication du Cnapest qualifie également d'illégales les ponctions sur les salaires des grévistes décidées par l'administration. Pour sa part, Salem Sadali appelle au rétablissement de la couche sociale moyenne à travers des salaires décents. Pour lui, ce débrayage constitue « une vague d'espoir pour le pays ». « Si elle (cette vague) est bien comprise à la fois par les autorités et les partis d'opposition, elle peut constituer le début pour un avenir meilleur », estime-t-il, en réitérant l'appel à l'ouverture des portes du dialogue. Le syndicaliste critique aussi la nouvelle grille des salaires qui, selon lui, ne répond pas aux attentes des fonctionnaires. « Avec des salaires de 30 000 DA, nous sommes en dessous du seuil de pauvreté », déclare-t-il. Selon lui, il existe deux grilles des salaires : celle destinée aux fonctionnaires (promulguée par le décret n°07-3004) et celle des hauts fonctionnaires de l'Etat (promulguée par le décret n°305). « L'écart entre les deux est énorme », explique-t-il. De son côté, Rachid Malaoui affirme que les fonctionnaires qui ont eu les plus importantes augmentations sont ceux qui prendront leur retraite dans 2 à 3 ans. « Ils sont classés au 10e échelon. Mais ceci ne représente que 5% de la Fonction publique », précise-t-il. L'action des syndicats autonomes, explique encore Ali Lemdani, n'a pas uniquement pour but de contester la grille des salaires, mais aussi pour demander l'élaboration des statuts particuliers, le nouveau régime indemnitaire, la révision du point indiciaire et son indexation sur un pouvoir d'achat réel ainsi que le respect des libertés syndicales.