Pour ce premier jour de débrayage, les syndicalistes autonomes se disent satisfaits de l'adhésion des fonctionnaires. Tout en dénonçant l'intimidation et l'indifférence affichées à leur égard par le gouvernement, les représentants de la Coordination nationale des syndicats de la Fonction publique ont déclaré que le mot d'ordre de la grève a été suivi par les fonctionnaires des différents secteurs, notamment et l'éducation. M. Merabet, porte-parole de la coordination, a parlé lors de la conférence de presse, qui s'est tenue hier au siège de l'Unpef à Alger “d'un taux d'adhésion satisfaisant” au mouvement. Il estime qu'au premier jour de grève, la participation à la protestation est de plus de 80%, à travers le territoire national, et ce, malgré les “menaces” qui ont commencé la veille du mouvement. “Les pouvoirs publics ont opté pour le durcissement du ton en brandissant la menace de sanctions administratives et la ponction sur salaire. Ils ont tout fait pour casser notre mouvement, ils sont allés jusqu'à publier les augmentations de salaires afin de démotiver les fonctionnaires”, souligne le porte-parole. Dans une correspondance envoyée, il y a quelques jours aux syndicats autonomes, plusieurs ministères ont promis de lourdes sanctions contre les grévistes. “Considérant cette grève comme illégale, les pouvoirs publics semblent déterminés à recourir à la fermeté pour démobiliser la base des syndicats autonomes. Pour la tutelle, le préavis de grève, déposé par les organisations syndicales à la chefferie du gouvernement, transgresse la loi 90/02 du 2 février 1990 ayant trait à la prévention des conflits collectifs au travail et leur résolution et le recours au droit à la grève, notamment les articles de 25 à 40. Elle évoque surtout l'article 24 de cette loi qui met l'accent sur les mesures de médiation, de conciliation et d'arbitrage avant le recours au droit à la grève. Chose qui a été carrément omise par le gouvernement”, précise-t-il. Les responsables des syndicats autonomes, de leur côté, accusent ouvertement le gouvernement d'opter pour une surenchère sur la légalité de la grève, qui est pourtant garantie par la Constitution. “Notre mouvement de contestation s'inscrit dans le strict respect de la loi et dans la durée. Le débat ne consiste pas à débattre de la représentative et les taux de suivi, mais de soulever les problèmes socioprofessionnels des fonctionnaires et des respects des libertés syndicales, notamment le droit à la grève”, soutient le Dr Yousfi, secrétaire général du syndicat des médecins praticiens de la Fonction publique. Les représentants des syndicats autonomes ont saisi l'occasion du débrayage pour demander une audience, dont la demande sera déposée aujourd'hui, au Chef du gouvernement afin de répondre “dans l'immédiat aux aspirations des fonctionnaires au lieu de s'attarder sur des prétextes qui visent à casser le mouvement de contestation”, ont-ils souligné. Ils estiment, par ailleurs, que “c'est le moment d'ouvrir le dialogue et de revaloriser la prestation de service des fonctionnaires à travers des salaires dignes de pas moins de 35 000 DA”. Cependant, si le mot d'ordre a été bien suivi à travers le territoire national, la mobilisation des travailleurs diffère d'un secteur à un autre dans la wilaya d'Alger. Si àl'éducation nationale et à la santé l'adhésion a été presque totale, le débrayage dans les universités et les administrations publiques était partiel. C'est du moins ce que nous avons constaté lors de notre tournée dans les APC, et les établissements universitaires. Selon les syndicalistes, les raisons de la non-adhésion dans certains secteurs dans la capitale sont dues aux intimidations et à la “propagande” des pouvoirs publics. Nabila Afroun