Le recours à l'expertise étrangère est devenu monnaie courante au sein du gouvernement. Récemment encore, lors d'un conseil interministériel, le ministre de l'Industrie et de la Promotion des investissements, Abdelhamid Temmar, aurait recouru, pour les besoins du redéploiement des entreprises publiques, à une étude d'un bureau étranger, dont les rémunérations sont de 1000 euros par jour et par expert, a indiqué une source proche du gouvernement. Une étude qui a fait sortir de leurs gonds plusieurs ministres dont celui de l'Intérieur, Yazid Zerhouni, ajoute notre source. Selon cette étude présentée par M.Temmar, il a été suggéré que des experts algériens accompagnent les experts étrangers moyennant une rémunération de 350 euros par jour et par expert, ce qui a irrité les présents, dont certains n'ont pas manqué d'ironiser sur « la préférence nationale version Abdelhamid Temmar ». Ainsi, au moment où Temmar est présenté comme le maître à bord au sein du gouvernement sur tout ce qui a trait à la politique économique, des membres de l'Exécutif ne ratent aucune occasion pour lui dénier toute suprématie. Pis encore, certains sont allés jusqu'à lui signifier que le processus de privatisation des entreprises publiques qu'il a engagé s'apparente à un « bradage » de ces entreprises. Accusé de poursuivre une politique économique « anti-nationale », faite d'ouverture tous azimuts au capital étranger et d'un recours abusif à l'expertise étrangère, certains n'hésitent pas à se demander sur ces objectifs poursuivis accordant moult privilèges aux investisseurs étrangers et mettant les opérateurs nationaux dans d'inextricables situations. Sur ce registre, des économistes et experts algériens n'ont pas manqué de souligner toutes les facilités accordées aux investisseurs étrangers, sans aucune contrepartie, sinon celle de permettre à des entreprises de venir fructifier leurs affaires dans un pays dont les réserves en devises font baver plus d'un. Sous d'autres cieux, « le gouvernement se doit de négocier la part des devises rapatriées par ces entreprises étrangères », indique-t-on. Sinon, estiment-ils, « dans quelques années, les investisseurs étrangers auront à transférer en toute légalité une grande partie des recettes pétrolières, hypothéquant ainsi l'avenir du pays et celui des générations à venir ». A cet effet, notre source a indiqué que le chef du gouvernement, Abdelaziz Belkhadem, aurait demandé au ministre des Finances un rapport détaillé sur « le transfert d'argent à l'étranger » des entreprises installées en Algérie. Navigation à vue Une manière de signifier à M.Temmar, ajoute notre source, le laxisme de sa politique envers les entreprises étrangères. Un laxisme qui s'explique aussi par cette déconcertante facilité à payer cher des bureaux de consulting et autres bureaux d'études pour des processus de privatisation qui en pâtissent en cours de route. L'exemple de la privatisation du CPA est édifiant à cet effet, puisque dans tout le processus engagé pour la cession des 51% des parts de la banque publique algérienne, seul le consortium Rothschild France ayant accompagné le processus semble avoir trouvé son compte. Tantôt présenté en disgrâce, tantôt comme étant le maître à bord, Abdelhamid Temmar ne laisse personne indifférent. Après une polémique avec le ministre de la PME sur la mise à niveau des entreprises, M.Temmar a indiqué récemment qu'il « n'a rien perdu » en matière de privatisation, suite à une énième réorganisation des capitaux marchands de l'Etat. « Les SGP n'ont pas été retirées à mon ministère », avait-il estimé alors, tout en expliquant sa participation à toutes les opérations de privatisation. Reprenant à son compte le décret exécutif n° 08-100 du 25 mars 2008 fixant les attributions du ministre de l'Industrie et de la Promotion des investissements, certains sont allés jusqu'à lui prêter le rôle d'un superministre en charge de la politique économique hors hydrocarbures. Or, dans le décret en question, s'il est vrai que son champ d'intervention a été largement défini et touche pratiquement à tous les secteurs d'activité : politique industrielle, privatisation, promotion des investissements et gestion des participations de l'Etat, il n'en demeure pas moins qu'il est clairement stipulé que les propositions de son département sur les éléments de la définition de la politique de croissance et de développement devront se faire « en conformité avec le programme du gouvernement » (art. 1er). Comme il est clairement précisé (art. 2) que le ministre de l'Industrie et de la Promotion des investissements « exerce ses attributions en relation avec les institutions, organes de l'Etat et ministères concernés et en concertation avec les partenaires sociaux ». Tout un programme.