Animant, pour le compte d'une société étrangère, une série de conférences sur la production de semences de pomme de terre de qualité, Michel Malet nous accorde cette interview exclusive dans laquelle il fait le point sur cette culture stratégique et prodigue quelques précieux conseils à l'intention des fellahs. Comment appréhendez vous le problème du mildiou sur la pomme de terre d'Algérie ? Il est vrai que cette maladie a fait beaucoup de dégâts cette année, y compris en Europe. Ce champignon pose plusieurs problématiques : une mauvaise utilisation des produits phytosanitaires, une climatologie qui n'a pas permis le renouvellement des traitements aux moments opportuns et, enfin, une technique de pulvérisation qui n'a pas été toujours efficiente et que les fellahs algériens devront inévitablement mieux maîtriser. Le fellah dispose-t-il des mêmes substances que le paysan européen ? Vous avez des produits que nous attendons avec impatience chez nous ; cependant nous disposons de produits de « contact performant », il s'agit de produits de contact qui résistent à des lessivages de 40 mm, contre seulement 20 mm pour les « contacts » traditionnels. Ils sont très efficaces en cas de pluie persistante comme celles de 2007. En terme de coûts, y a-t-il une différence ? Oui, les prix se situent à hauteur de ceux des produits pénétrants ou diffusants que les fellahs connaissent déjà. Le matériel d'épandage vous parait-il performant ? Il y a beaucoup de choses à faire dans ce domaine. Le recours à des rampes de traitement et le respect des doses me paraissent essentiels. Qu'en est-il des variétés résistantes ? Il n'existe pas de variétés résistantes au mildiou. Sur une échelle de 1 à 9, il y a des variétés qui atteignent 7, mais cela ne veut nullement dire qu'elle sont entièrement résistantes. On peu parler de tolérance au mildiou, jamais de résistance stricte. L'arrivée de la souche A2 semble avoir modifié le mode de reproduction du champignon, est-elle plus virulente que la souche A1 ? Depuis 5 à 6 ans on a vu l'émergence d'une souche A2. Le principal problème réside dans la rencontre entre les deux souches qui produiraient des oospores. Toutefois, ces oospores ne sont pas encore identifiées formellement, d'où l'intérêt de faire des recherches pour les isoler. Quels sont les effets du mildiou sur les rendements ? Actuellement, un producteur français utilise entre 15 et 20 traitements ; cela fait beaucoup de frais supplémentaires. Dans ce cas, les rendements ont été à la hauteur des investissements, car le mildiou a été maîtrisé. Comment expliquer l'émergence d'attaques fulgurantes de mildiou sur les champs d'arrière saison ? Ce problème est directement lié à l'absence de rotation culturale et à la persistance des restes de cultures de saison que les fellahs rechignent à détruire. Quels conseils peut-on donner au fellah ? Surtout faire des rotations de 4 ans et nettoyer systématiquement les champs dès la récolte, y compris en récupérant tous les tubercules qui traînent. A fortiori si on a subi une attaque en saison. Par quoi peut-on expliquer la présence de Rhizoctone brun dans les champs du Sud algérien ? On parle d'utilisation de fientes de volaille que l'on soupçonne de favoriser l'apparition de cette bactérie, cependant, la contamination peut également provenir des champs de multiplication dans le Nord. Dans ce cas, seul le traitement des semences peut les rendre indemnes.