La ville de Gdyel, située à 22 km d'Oran, a connu mercredi une journée particulièrement mouvementée. Une soixantaine de jeunes ont bloqué à l'aide d'objets hétéroclites un tronçon de la RN11. Les jeunes mécontents ont voulu de la sorte dénoncer la situation de marginalisation vécue par leurs quartiers, ne faisant, semble-t-il, l'objet d'aucune attention sérieuse de la part des autorités communales. Ces derniers sont dans un état des plus lamentables. Aussitôt, les émeutiers se sont retrouvés face à face avec les forces de l'ordre qui ont dû faire appel à d'autres institutions sécuritaires à titre de renfort pour apaiser la situation. Le nombre d'interpellations opérées par les services de sécurité de la daïra de Gdyel s'est multiplié à 51 personnes, selon des témoins oculaires qui nous ont fait savoir qu'une trentaine de jeunes émeutiers ont été arrêtés durant la journée d'hier pour incitation à attroupement et destruction de biens d'autrui. Les premières données ont démontré que les émeutes ont été provoquées initialement par des « fauteurs de troubles » qui sont généralement des « délinquants et autres repris de justice » qui sont venus des communes avoisinantes pour saccager l'administration qui, selon leurs déclarations, refuse de les insérer dans les programmes d'emploi. Mais il y avait également des représentants de familles qui se sont vu exclure du programme de 100 locaux commerciaux, surtout que le taux de chômage a atteint les 50% au niveau de cette commune, selon le président de l'APC. Le bilan établi par le service des UMC de l'EPH d'El Mohgoun fait état de six admissions, dont 5 policiers et un adolescent de 16 ans. Lors d'une tournée effectuée hier matin à Gdyel, il était possible de constater que le calme est revenu presque entièrement dans la ville. Au niveau de certains quartiers, des traces des émeutes étaient encore visibles : poteaux électriques sectionnés ou endommagés, pierres jonchant la chaussée, édifices incendiés. Une cinquantaine de milliards de dégâts Une rumeur alarmiste qui s'est propagée comme une traînée de poudre laissait présager une reprise imminente des hostilités. La tension s'est par la suite quelque peu apaisée et les signes d'apaisement se faisaient sentir dans la rue où l'activité reprenait peu à peu son droit de cité, note-t-on. Selon des sources communales, le bilan est lourd. Une cinquantaine de milliards de dégâts matériels, conséquence de l'insouciance des responsables locaux qui se sont succédé à la mairie de Gdyel durant une douzaine d'années, sans pour autant s'occuper réellement des doléances de la population dont le nombre est estimé actuellement à 37 000 habitants. La cause de ces troubles est manifeste. Ce sont les conditions de vie dans lesquelles traînent les citoyens de cette collectivité locale qui sont à l'origine de cette explosion sociale. Un état illustré par l'isolement dans lequel les quartiers sont maintenus du fait de l'absence de voies de communication dignes de ce nom les reliant au reste de l'agglomération. Mais quand celles-ci existent, du fait de leur grande détérioration, toute circulation automobile ou piétonnière est des plus ardues, apprend-on. Les manifestants ont procédé à des actes de vandalisme pour exprimer leur désarroi en saccageant plusieurs édifices comme la poste, le tribunal et l'antenne de la Cnas. « Contrairement aux autres administrations publiques, le siège de l'APC n'a pas été concerné par le saccage. Ceci dit, les véritables raisons des émeutes ne sont pas dues, comme nous l'avons appris, au problème du chômage, sinon à une manipulation implicite contre l'APC », dira le P/APC de la commune, M. Mimoun. Un plan d'urgence Hier, les responsables locaux se sont réunis des notables de la localité au siège de la daïra de Gdyel pour chercher les voies et moyens à mettre en œuvre afin d'apaiser la situation en prenant les mesures urgentes et nécessaires pour mettre fin à l'anarchie qui a prévalu durant l'après-midi d'avant-hier. Prié de livrer ses impressions sur ces regrettables événements, le P/APC s'est dit peiné de voir ces jeunes utiliser la violence, malgré leurs « revendications légitimes », violence qui a laissé libre cours aux pilleurs pour s'emparer de divers matériels informatiques. L'élu a indiqué, par ailleurs, que « l'emploi des jeunes constitue la préoccupation majeure de la commune dans notre programme d'action ». D'ailleurs, la réorganisation des marchés de la ville figurait en bonne place dans ce même programme qui prenait sérieusement en compte les difficultés que rencontrent nos jeunes en quête d'une place dans les marchés réguliers, avait-il ajouté. Concernant le problème de la dégradation du cadre de vie dans certains quartiers, le même responsable a soulevé que le faubourg El Hamar bénéficiera d'une vaste opération de réaménagement dans le cadre du programme sectoriel de développement. D'ailleurs, un montant de 17 milliards de centimes a été débloqué à cet effet. Par ailleurs, nous avons appris qu'une cellule mixte regroupant un représentant de l'Ansej, l'Angem et l'APC a été créée au sein de l'APC pour s'occuper de la masse juvénile.