Les habitants de Gdyel se sont réveillés hier matin complètement abasourdis, tant leur ville offrait un visage de désolation. La plupart des édifices publics (bureau de poste, tribunal, centre payeur de la Cnas, etc.) sont complètement saccagés. Les discussions tournent toutes autour de cet « événement imprévisible », que rien ne laissait apparemment présager. La nuit de lundi à mardi a été cauchemardesque. En effet, à 22h, des jeunes barraient encore la sortie ouest de la ville malgré les renforts dépêchés d'Oran et d'Arzew. Certaines sources font état de l'arrestation d'une trentaine de jeunes, âgés entre 16 et 20 ans. Hier après-midi, une présence très remarquée des équipes d'intervention de la BMPJ stationnaient aux alentours des édifices et administrations publics (daïra, APC...). Cependant, de nombreux citoyens, dépités mais compréhensifs, racontent le désarroi et l'oisiveté qui envahit, telle une gangrène, toute une couche de la population. L'un d'eux nous confiera : « Ils (autorités) pensent que les jeunes sont idiots, ne comprennent rien, mais c'est faux. Ils sont pourchassés à travers les rues de la ville pour qu'ils ne puissent pas s'adonner au commerce, certes illicite, mais ont-ils d'autres choix ? D'ailleurs même pour el harga, ils nous empêchent de tenter notre chance. » D'après des témoignages crédibles, la ville de Gdyel est en passe de battre tous les records en termes de jeunes candidats à l'exil. On parle de plusieurs jeunes disparus depuis un certain temps, mais malheureusement aucune instance officielle n'est en mesure de confirmer ou d'infirmer une nouvelle qui alimente toutes les discussions. Kristel, une localité mitoyenne de Gdyel sur le littoral, est devenue une véritable base arrière pour les candidats à l'immigration clandestine. Houari, un jeune chômeur d'El Hammar (quartier populaire de Gdyel en contrebas de la montagne des Lions surplombant la ville), nous dira : « Les locaux commerciaux inscrits dans le cadre de la campagne présidentielle non seulement sont construits à la sortie de la ville, mais ils sont désespérément vides depuis des années. » En effet, la ville de Gdyel n'offre aucune possibilité de travail aux jeunes, même la carrière, dira un autre jeune, la source de revenus pour la ville, a été finalement rattachée à Arzew. En tout état de cause, la tension reste très perceptible et les renforts dépêchés sur place sont certes discrets à travers la ville mais omniprésents.