Le fait ne manquera pas de faire sursauter plus d'un : à la sortie nord d'El Hamiz et à quelques mètres de la route communale menant vers la Rassauta, des crochets de fer servent à relier des fils électriques au réseau de haute tension existant. Ces fils sont ramenés sur plusieurs mètres et passent au-dessus de la route. Le réseau s'en trouve à cet effet affecté et fait peser une réelle menace sur les automobilistes. « Finies les petites tricheries. Auparavant, les fraudeurs nouaient un lasso qu'ils jetaient sur les fils, maintenant ils font des esses en fer autrement plus dangereux », insistent les automobilistes qui appréhendent d'éventuels accidents. En plus des dangers que font peser ces personnes indélicates sur la santé publique, le manque à gagner pour Sonelgaz est important. Cette situation dont elle aurait fait l'économie l'« oblige » à opérer des délestages répétitifs, causant des désagréments aux particuliers. Un décompte fait par Sonelgaz en 2005 fait ressortir que le nombre de fraudeurs dans la seule commune de Bordj El Kiffan est de 22 000 alors que le nombre d'abonnées « officiels » est de 32 000. Les pertes s'élèvent à plus de 12%, a-t-on relevé. Cette commune reste difficile en raison de l'imbrication de plusieurs phénomènes telles la bidonvillisation, la gestion anarchique de la collectivité locale et la dilapidation « éhontée » des exploitations agricoles. Sauf que ces actes répréhensibles ne sont pas seulement circonscrits dans la population de Bordj El Kiffan, mais peuvent être extrapolés à tous les sites de bidonvilles. D'aucuns s'interrogent par ailleurs sur l'effectivité de la loi. Ni la gendarmerie qui a un barrage sur place, ni les services de Sonelgaz, encore moins les élus locaux ne réagissent. « Tous s'y font et préfèrent laisser faire, d'autant plus qu'au même endroit des batailles rangées ont opposé les forces de l'ordre aux habitants du bidonville remontés contre la décision de la société publique de leur couper le courant », insiste un résidant de la région d'Alger est. Est-ce pour « faire l'économie » de ces affrontements qu'aucun service n'intervient, surtout pas Sonelgaz qui invoque souvent son rôle d'exécutant ? Assurément. Une main « experte » a aidé pourtant à réaliser ces branchements. Et d'aucuns parlent d'une « assistance » des employés de Sonelgaz, seuls à être au « courant » des installations électriques. Un « profane » provoquerait à coup sûr un court-circuit, si ce n'est sa mort. Solution pourtant trouvée à ces actes de piratage à répétition : l'électrification des bidonvilles menée au pas de charge, plusieurs années avant que la décision de l'étendre prise par les services du ministère de l'Intérieur ne soit effective. Cette manière de faire, qui ne fait pas l'unanimité, n'a pas eu toujours l'effet escompté, les actes sont toujours signalés. Pis, les fraudeurs ont redoublé d'ingéniosité. « L'on savait que les fraudeurs procédaient aux tricheries sur un compteur individuel, mais en arriver aux lignes extérieures est un pas qu'ils sont seuls à franchir », insiste-t-on à Sonelgaz. Les occupants des baraquements pour la plupart « s'en prennent » au réseau existant, pas toujours satisfaits de la politique « imposée » à Sonelgaz, « simple organe d'exécution de politique décidée en haut lieu ». A Sonelgaz, l'on assure néanmoins que la justice commence à prononcer des « peines lourdes » contres les fraudeurs. « La justice se manifeste encore plus. Des peines de deux ans de prison ferme ont été prononcées depuis l'année dernière », insiste Mme Aït Mekideche, attachée de presse à la direction générale de Sonelgaz.