Délaissé par les autorités locales, le lotissement Rassauta, dans la commune de Bordj El Kiffan, manque de tout. Aucune structure de base n'a été réalisée par l'APC, si ce n'est celle entreprise par les habitants eux-mêmes. Rassauta, ce quartier de Bordj El Kiffan, à l'est de la capitale, est un ghetto ; ce terme n'est guère exagéré, eu égard à l'état de dégradation avérée du cadre de vie de ses habitants. Le lotissement semble former un microcosme à part, coupé du reste de l'agglomération. « Les autorités locales, n'ont jamais entrepris quoi que ce soit pour notre quartier, depuis sa création », soutient un sexagénaire habitant la cité Si Smaïn de la Rassauta, et d'ajouter : « Tout ce qui a été réalisé comme infrastructures de base, a été pris en charge par nous-mêmes », il s'agit, dans ce contexte, de la réalisation par les habitants du lotissement de l'assainissement, du réseau d'AEP, et même de l'éclairage public et du réseau de gaz de ville. En fait, mis à part le revêtement de l'artère principale, les autorités locales n'ont rien fait dans le sens de l'amélioration du cadre de vie des citoyens. Déjà que les accès au lotissement sont peu nombreux, ils sont de surcroît impraticables. De l'autoroute, il est pratiquement impossible de rejoindre le quartier, tant la route qui y mène est défectueuse et s'apparente plus à un sentier escarpé qu'à une route proprement dite. Des excavations béantes ponctuent l'itinéraire, jusqu'à environ la mi-chemin où le passage des véhicules devient carrément impossible. Aussi, de la RN 24, on peut accéder tant bien que mal à Rassauta à partir du lieu-dit la SNTR, par une route qui n'est nullement meilleure, et qui en plus est souvent obstruée par des indus occupants. Via le Hamiz, l'accès à Rassauta est tout aussi difficile, voire périlleux. La route qui y mène est jonchée de détritus et de débris de tous genres, réduisant le passage à une seule voiture. « Profitant du rétrécissement de la chaussée, des individus agressent les automobilistes en plein jour pour les délester de leurs véhicules », soutiennent des habitants de la cité Si Smaïn. L'état des routes au sein même du lotissement est tout aussi dégradé. Aucune ruelle n'a été goudronnée depuis la création du lotissement qui s'étend pourtant sur plusieurs centaines d'hectares. En outre, bien qu'ayant été réalisée depuis fort longtemps, une antenne administrative et un centre de soins sont laissés à l'abandon. Par ailleurs, l'hygiène semble être le cadet des soucis des responsables locaux. Le ramassage des déchets ménagers se fait de manière aléatoire. Toutefois, les services de l'APC affectent de temps à autre un engin des travaux publics, pour amasser ces ordures dans un seul endroit, sans que l'on daigne les ramasser définitivement. Quant à l'insécurité qui prévaut dans cet endroit, elle est plus qu'inquiétante. Des habitants sont délestés de leurs biens sous la menace d'armes blanches, en plein jour, particulièrement au niveau d'un passage piétons menant au lieudit La Piscine. Véritable coupe-gorge, les agressions dans ce lieu sont fréquentes. « La solution est pourtant dans l'ouverture d'un commissariat de proximité », dira un habitant, avant d'ajouter : « La construction d'une nouvelle route sur ce passage piétons permettra de réduire considérablement l'insécurité qui y prévaut. » Sans eau potable dans les robinets depuis maintenant trois mois, les habitants de la Rassauta excellent dans la débrouille pour parer à cette situation qui s'est installée dans la durée. C'est ainsi que la plupart des maisons s'équipent, qui avec des surpresseurs, qui avec des citernes. L'APC a fait comme à l'accoutumée dans le replâtrage. En effet, trois camions-citernes ont été mis en service par la commune pour l'opération de distribution de l'eau potable dans la localité. Il s'en est fallu de peu pour que l'opération tourne à l'émeute, vu le nombre insuffisant de camions. Ces citoyens, oubliés par les pouvoirs publics, demandent aujourd'hui que l'on daigne enfin se pencher sur les problèmes de leur quartier, afin d'améliorer un tant soit peu leur cadre de vie qui se trouve hélas très altéré.