Dix-huit commerçants, travailleurs et responsables de Sodipal, défilent devant le juge d'instruction. Apparemment, l'opération de délocalisation des commerces du site du Bardo est un écueil sérieux pour les responsables. En effet, depuis le mois de février dernier, l'administration tente vainement de déloger 18 commerçants exerçant au niveau de l'ex-caserne du Bardo, lesquels ont loué ces locaux auprès de Sodipal par acte notarié ou par entendement mutuel tacite (ôurfi). Après que la première plainte déposée par les services des Domaines de la wilaya a été rejetée dans sa forme par un jugement rendu par le tribunal au mois de mars de l'année en cours, le directeur des Domaines, que nous avons joint hier, déclare que ce sont ses services qui ont initié cette nouvelle action judiciaire. La justice s'est donc à nouveau saisie du dossier, et depuis le début du mois en cours, les 18 commerçants, travailleurs et responsables de Sodipal défilent devant le juge d'instruction près le tribunal de Ziadia. Ces derniers sont entendus au motif d'occupation illicite de propriété publique et d'appropriation illégale de locaux. Ainsi, et alors qu'on croyait que le volumineux dossier de Sodipal a été enfin sorti des oubliettes de la justice, où il « poireautait » depuis plus d'une décennie, pour être cette fois-ci traité et démêlé, et pour que le scandale, qui a défrayé l'actualité l'année écoulée, d'une gravité sans précédent, soit élucidé et connaisse enfin son épilogue (voir l'enquête détaillée sur le sujet dans El Watan du 17 Septembre 2007). Il s'avère que dans une cité où ce genre d'affaire finit habituellement dans les étouffoirs, l'opinion constantinoise vit aujourd'hui une grande désillusion puisque ce n'est pas dans cet objectif que la justice s'est saisie du dossier. La raison véritable, inavouée pour certains, vient du fait que les autorités administratives veulent libérer, en urgence et sans dédommagement aucun, le siège de Sodipal pour l'entame de la deuxième tranche du réaménagement urbain du site. Cependant, cette volonté bute sur un impondérable de taille : l'inextricable dossier Sodipal. Les commerçants, jugés victimes pour la plupart, lorsqu'ils ont été entendus au 5e arrondissement de la sûreté de wilaya, le PV faisant foi, se retrouvent aujourd'hui au banc des accusés. Ces derniers, étonnés au plus haut point, considèrent qu'ils sont dans leur droit, et qu'ils ignoraient les problèmes et les couacs dans lesquels se débattait Sodipal. Ils se disent prêts à quitter les lieux pour peu que l'on tienne compte de leurs intérêts, de ceux de leurs familles et de leurs employés. Ils ne veulent pas que leurs activités commerciales cessent, demandant qu'un dialogue s'ouvre avec les autorités, à leur tête le wali, afin de trouver une issue à cet imbroglio, et qui soit satisfaisante pour tous. En attendant, ils espèrent rencontrer le wali à l'effet de lui soumettre leur point de vue et leurs propositions, pour ne pas peser sur les projets de développement de la capitale de l'Est, et participer plutôt à cette dynamique de renouveau en maintenant ouverts des postes de travail.