Les représentants des ”commercants” ont décidé de se réunir aujourd'hui pour désamorcer la crise. Le représentant du parquet continuait à auditionner, hier, au niveau du tribunal de Ziadia les 67 jeunes, dont 17 mineurs, interpellés la veille à l'issue des émeutes qui ont secoué une partie de la région est de la ville de Constantine, à la suite de la délocalisation des commerçants du marché informel de Daksi. Une foule compacte, composée de parents des jeunes ainsi que de curieux, continuait à la tombée de la nuit, à braver le froid en scrutant les alentours du tribunal où les interpellés ont commencé à défiler dès 13h30 devant le bureau des représentants du ministère public. À 16h30, des représentants des commerçants du désormais ex-marché de Daksi et de l'administration locale venaient de boucler leur énième réunion afin de désamorcer la crise induite par les émeutes d'avant-hier. Il a été décidé de tenir aujourd'hui un autre conclave. Selon le maire de la ville qui s'exprimait sur les ondes de la radio locale, la réunion d'aujourd'hui sera consacrée au choix d'un site provisoire pour accueillir les commerçants délocalisés pour une période transitoire de 6 mois. Ces derniers seront soumis à un autre recensement contradictoire. Selon la même source, le nouveau marché sera doté de toutes les commodités d'usage pour ce genre d'infrastructures. Par ailleurs, en début de journée, un lourd dispositif policier apparaissait devant au moins deux institutions publiques. Ainsi, des patrouilles des forces antiémeutes étaient, hier, en stationnement devant le cabinet du wali et l'hôtel de ville pour prévoir un éventuel débordement. En effet, un groupe de commerçants a organisé une manifestation devant le siège de la wilaya, qui a été vite dispersée après des pourparlers entre les délégués de la foule et les responsables du service d'ordre. Pour rappel, les faits remontent à mardi dernier lorsque les services de l'APC, avec un bulldozer, assistés des forces anti-émeutes ont investi, dès 5 heures du matin, le marché informel pour raser les baraques illicites et ce, suite à une décision émanant du premier responsable de la wilaya, quant à un réaménagement réglementé du site. Selon une source au fait du dossier, la décision des autorités est intervenue après une réunion, qui se serait tenue avec ces mêmes représentants, où il a été décidé de la délocalisation des commerçants sur un autre site appelé Aïn El-Berda, dans le cadre de ce qu'on appellerait “opération tiroir”. Ladite opération consiste en un réaménagement du site en 748 locaux commerciaux. Cependant, le nombre de locaux reste, selon les concernés, insuffisant du fait qu'ils sont au nombre de 1 256 commerçants. Parmi eux, près de 500 commerçants activent dans l'illégalité. Ce serait ceux-là qui étaient au-devant des affrontements de mardi. Par ailleurs, nous apprendrons qu'un comité constitué de plusieurs commerçants s'est érigé en porte-parole et aurait engagé des pourparlers avec les responsables de l'hôtel de ville afin de trouver un terrain d'entente et éviter la recrudescence de la violence. Ces derniers ont demandé un audit de la liste initiale des bénéficiaires. Toutefois, une autre source qui a requis l'anonymat nous parle d'une autre version. Certaines parties, pour lesquelles la décision du réaménagement du site serait préjudiciable, tenteraient par tous les moyens de manipuler ces jeunes afin de jeter le doute parmi la population. LYNDA NACER