Plus de 90% des échanges mondiaux de marchandises se font sur les océans. Mais les marchandises (97%) et les produits pétroliers (60%) circulant aujourd'hui sur les mers du monde attirent les convoitises des pirates modernes. Selon le Bureau international maritime, les pirates d'aujourd'hui sévissent essentiellement dans les régions d'Asie du Sud et d'Asie du Sud-Est (en particulier dans la mer de Chine méridionale), le long des côtes de l'Amérique du Sud, du golfe d'Aden, de la mer Rouge, mais aussi celles de la Somalie, dans le golfe de Guinée et dans la mer des Caraïbes. Selon le même organisme, plus de 4000 actes de piraterie ont été enregistrés durant les vingt dernières années. Les pirates utilisent des embarcations plutôt petites et rapides, et profitent du nombre restreint de membres d'équipage sur les navires cargos. Ils savent également transformer leurs embarcations en bateaux de pêche ou de transport afin d'éviter et de déjouer les inspections. Dans un communiqué de presse, Pottengal Mukundan, directeur du Bureau maritime international (BMI), attire l'attention des gouvernements sur l'augmentation du nombre d'attaques, « de plus en plus violentes, après la baisse constatée depuis quatre ans. Parfaitement entraînés et mieux armés, ces pirates constituent une grave menace sur le commerce international ». Les actes de piraterie en mer ont progressé de 20% au cours des trois premiers mois de l'année 2008, les côtes du Nigeria étant les eaux les plus dangereuses au monde, selon les statistiques publiées mercredi par le BMI. Au total, le BMI a recensé 49 attaques au cours du premier trimestre, contre 41 au cours de la même période de l'année 2007. Avec dix actes, les côtes du Nigeria constituent l'endroit le plus dangereux pour la navigation commerciale. Viennent ensuite l'Inde et le golfe d'Aden bordant la Somalie. Une étude conduite par le BMI montre que le nombre d'attaques de piraterie dans le monde est en augmentation en 2007 (263 cas) en comparaison de l'année 2006 (239 cas). Il est également rapporté que le nombre d'attaques à main armée est en augmentation, avec pour première conséquence, une augmentation du nombre de blessés dans les équipages de navire (64 blessés en 2007 pour 17 en 2006). Alors que depuis le pic de 2000, avec 469 attaques, les actes d'abordage avaient diminué. Le « nettoyage » par les nations riveraines du détroit de Malacca (voir encadré), de la mer de Chine, de la côte du Bangladesh, de l'Inde ou de la Thaïlande, ainsi que le renforcement des mesures de prévention antiterroristes à bord des navires marchands après les attentats du 11 septembre 2001 expliquent cette réduction, relève une enquête du quotidien français Le Monde. Mais l'affaiblissement ou la disparition du pouvoir central dans l'est comme dans l'ouest de l'Afrique, la situation économique difficile de certains pays, l'expansion du trafic de drogue et l'audace croissante de commandos ont favorisé la reprise des actes de piraterie. Cette évolution particulièrement palpable depuis 2007 est directement liée à des actes ayant pris place en Somalie et au Nigeria. On dénombre ainsi 42 incidents en 2007 qui ont été reportés au Nigeria dont 25 pour la seule zone de Lagos et 31 incidents en 2007 ont été reportés en Somalie. Certaines attaques ont conduit à l'intervention des marines militaires luttant contre ce phénomène comme ce combat au large de la Somalie en 2006 et l'acte de piraterie contre le Ponant, voilier de luxe français, en avril 2008. Lors de cette affaire, Jean-David Levitte, un diplomate français, a déclaré que dans les dix dernières années, 3200 marins avaient été enlevés par des pirates, 500 blessés et 160 tués.