Se basant sur l'article 4 de la loi 90-11 portant définition des relations de travail et autorisant le recours à une loi spécifique pour la presse, le régime spécifique tel qu'annoncé par le ministre offre aux journalistes un cadre légal leur permettant de jouir des droits élémentaires. La pénalisation du délit de presse est l'un des obstacles pesant telle l'épée de Damoclès sur la presse algérienne depuis le 17 janvier 2001, date à laquelle l'Algérie officielle a considéré l'écrit journalistique comme un acte criminel. Figurant depuis tant d'années comme une des revendications majeures de la presse algérienne, les journalistes viennent enfin d'obtenir une base juridique définissant leurs droits et devoirs en attendant d'autres acquis dont la dépénalisation du délit de presse. Après des années de combat et de lutte acharnés des journalistes pour un exercice libre et responsable de leur métier sous la protection de la loi, le ministre de la Communication, Abderrachid Boukerzaza, a annoncé hier et à une dizaine de jours de la célébration de la Journée internationale de la liberté de la presse l'adoption par le conseil du gouvernement d'un régime spécifique régissant les relations de travail pour les journalistes. Se basant sur l'article 4 de la loi 90-11 portant définition des relations de travail et autorisant le recours à une loi spécifique pour la presse, le régime spécifique tel qu'annoncé par le ministre offre aux journalistes un cadre légal leur permettant de jouir des droits élémentaires souvent bafoués par leurs employeurs. « La situation du journaliste algérien est souvent précaire, elle est soumise à l'absence de la déclaration à la sécurité sociale, à une faible rémunération et à l'instabilité professionnelle pour ne citer que ces maux qui constituent un obstacle à l'exercice du métier de la meilleure manière qui soit », indique M.Boukerzaza en notant que ledit régime spécifique doit jeter les bases d'une bonne prise en charge des préoccupations des journalistes. S'adressant à la fois aux journalistes de la presse publique et privée, qu'ils soient permanents, contractuels, collaborateurs ou correspondants, ainsi que les free-lances et les journalistes de la presse partisane, ce cadre juridique comprend un certain nombre de dispositions dont le droit à l'obtention d'une carte d'identité professionnelle, le respect de la propriété intellectuelle et le droit à la formation et l'évolution dans la carrière. Le décret exécutif adopté hier prémunit le journaliste contre les actes de violence, d'agression et toute pression dont il pourrait faire l'objet dans la recherche des sources d'information. Entre autres dispositions, le décret oblige les employeurs à garantir une assurance complémentaire pour la couverture des événements dans des zones de conflit. Le contrat devant lier l'éditeur au journaliste doit définir d'abord la nature de ce lien et préciser le rôle et le poste du journaliste, ainsi que sa rémunération et ses indemnités et promotions. Les journalistes stagiaires bénéficient au gré de ce régime spécifique des mêmes droits et devoirs que le journaliste permanent dans le cadre de la définition de son rôle et la durée de son stage. Les acquis consignés dans ce décret exécutif ne sauraient répondre à la totalité des préoccupations des journalistes sans qu'une convention collective ne soit débattue et adoptée entre les différents partenaires, à savoir éditeurs et journalistes. « L'organisation de la profession est à mon avis un préalable à une réelle professionnalisation du métier. Nous venons de lancer un message de soutien aux journalistes, il leur appartient d'arracher une convention collective », estime le ministre de la Communication. Invité à donner son avis sur la situation de la liberté de la presse en Algérie, le représentant du gouvernement a affirmé que l'Etat ne lésine pas sur les efforts pour garantir la liberté d'expression. « Si la loi garantit toutes les conditions de la liberté d'expression, il reste sans nul doute que son application sur le terrain connaît quelques difficultés et obstacles. » Un aveu sans appel du représentant de l'Algérie officielle sur l'existence de barrières empêchant un exercice libre de la profession de journaliste. La pénalisation du délit de presse est l'un de ces obstacles pesant telle l'épée de Damoclès sur la presse algérienne depuis le 17 janvier 2001, date à laquelle l'Algérie officielle a considéré l'écrit journalistique comme un acte criminel. Interrogé sur l'espoir de voir un jour se concrétiser la dépénalisation du délit de presse, le ministre s'est voulu rassurant en soulignant que « cette question est sujette à débat ». Tout en défendant le fait que la diffamation doit être assujettie à des poursuites judiciaires, M.Boukerzaza estime que l'heure est propice pour que « tout soit amélioré et tout est matière à débat ». Interrogé par ailleurs sur l'ouverture du champ audiovisuel, le même responsable affirme encore : « Nous n'avons jamais fermé les portes de l'espoir qui reste permis et ouvert. » Autre précision apportée par le ministre, au sujet de l'autorisation de nouveaux supports de la presse écrite, « 29 nouveaux titres ont vu le jour depuis juillet 2007 entre quotidiens et hebdomadaires ».